Daoudou Abdallah Mohamed, candidat défait de l'opposition pour le parti Orange, pose pour une photo à Moroni, le 18 janvier 2024/AFP

L'opposant comorien Daoudou Abdallah Mohamed a passé la nuit en prison après avoir été placé en détention provisoire jeudi, accusé d'avoir "mis en danger" un policier et d'appeler à la contestation de la présidentielle de janvier, a-t-on appris vendredi auprès de multiples sources.

"Les faits reprochés à notre client confirment l'arbitraire et l'abus du pouvoir", a réagi son avocat Said Larifou. "Les faits retenus à son encontre sont ridicules et leurs qualifications dignes de celles régulièrement retenues par les républiques bananières".

M. Daoudou est accusé de "mise en danger d'un agent de la force publique, violence et séquestration d'un agent" lors d'une altercation, a précisé le procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid.

Le leader du parti Orange, qui n'a toujours pas reconnu l'élection controversée de M. Azali à un troisième mandat, est aussi accusé d'appeler "à la contestation des résultats officiels, à la désobéissance aux lois du pays", selon l'ordonnance de sa mise en détention provisoire.

Le régime s'apprête à célébrer en grandes pompes l'investiture d'Azali Assoumani le 26 mai alors qu'aucun des cinq autres candidats à la présidentielle ne l'a encore félicité.

Arrivé à la tête du pays une première fois en 1999 par un coup d'Etat, le colonel Azali est revenu au pouvoir en 2016. Il a officiellement obtenu en janvier 57,2% des voix, lui permettant de se maintenir jusqu'en 2029.

Mardi, M. Daoudou s'était fendu d'une déclaration en direct sur les réseaux sociaux dans laquelle il accusait des hommes de "le suivre".

Une "voiture banalisée est stationnée en face de chez moi depuis trois jours, elle m'a pris en filature", avait-il déclaré. C'est en se rendant à a gendarmerie pour faire une déposition que lui a été notifiée sa garde à vue.

Son avocat affirme encore que "c'est plutôt notre client qui est victime depuis quelques jours des persécutions policières et menaces publiques proférées" par le président et ses ministres.

"Nous allons constituer un collectif d'avocats pour le libérer et les autres prisonniers politiques aux Comores", a-t-il ajouté, précisant qu'il préparait une "plainte qui sera déposée à l'étranger pour séquestration".

La présidentielle au Comores, qui compte 870.000 habitants, a été agitée: après la proclamation provisoire des résultats, des émeutes avaient paralysé le pays plus de 48 heures, provoquant un décès par balle et plusieurs blessés.

L'opposition avait dénoncé des fraudes grossières et demandé l'annulation du scrutin.

AFP