La justice marocaine enquête sur une vaste escroquerie de plus de 720 millions de dirhams (soit 74 millions de dollars), avec à la clé 900 plaintes déposées à travers tout le pays par des victimes présumées et une dizaine d’arrestations.
L’affaire a éclaté en juillet dernier, après une violente altercation entre deux femmes dans un centre commercial de la ville de Tanger (nord), révélant un scandale bien plus vaste, rapporte le site marocain Hespress.
Les deux femmes conduites au poste de police, il est rapidement apparu que cette dispute n’était pas un simple différend personnel. Elle cachait de nombreux secrets, promettant des développements surprenants.
Les autorités marocaines ont procédé à des dizaines d’autres d'arrestations depuis juillet dernier, suite à des plaintes déposées à Tanger par trois femmes pour escroquerie.
Une tontine alléchante
Les trois plaignantes réclamaient leurs investissements dans une tontine, une sorte d’épargne collective et informelle permettant de générer des revenus ou d’éviter de souscrire à un crédit bancaire. La tontine est organisée par le "Groupe Al-Khair" présidé par Yousra, la femme qui se disputait en juillet avec l’une des membres fondatrices dudit groupe.
Le 22 septembre, Yousra et son époux sont appréhendés par les agents de la Brigade nationale de la Police Judiciaire (BNPJ) à la gare de Tanger-Ville alors qu’ils descendaient du TGV Al Boraq.
A ce jour, 19 personnes sont placées en détention provisoire. Elles sont suspectées d’escroquerie, abus de confiance, collecte d’argent auprès d’un public sans autorisation et sollicitation d’une charité publique.
Une vaste escroquerie
L’une des fondatrices du goupe "Al khair" s’est donné la mort le 11 août dernier en avalant de l’acide sulfurique afin d’échapper aux poursuites.
Le montant total des réclamations formulées par les plaignants s’élève à 720 milliards de dirhams, incluant les bénéfices que le groupe avait promis en contrepartie des contributions.
La presse locale indique que l’affaire touche potentiellement plus d’un million de victimes présumées, parmi lesquelles des personnes aisées, des responsables et des grands commerçants.
Les révélations mettent également en lumière une stratégie douteuse du groupe, qui ciblait principalement des femmes issues de milieux modestes, telles que des femmes de ménage ou des ouvrières dans le secteur du textile.
En réalité, Al Khair n’était pas une "tontine" mais une pyramide de Ponzi à grande échelle, c’est la plus grosse arnaque de l’histoire du Maroc, selon les médias locaux.
Le groupe Al Khair n’a, en réalité, aucune existence officielle, il est simplement administré à travers des dizaines de groupes Whatsapp, réunissant des centaines de participants au Maroc, en Afrique, en Europe et aux États-Unis.
Une pyramide de Ponzi
Tout a commencé en février 2022 lors que trois femmes de Tanger décident de mettre en place une tontine à grande échelle. Elles créent alors un groupe Whatsapp, prétendant être une société appelé "Al Khair ". Elles invitent d’abord leurs proches à y participer.
Le principe est simple : Il faut à priori avancer 1 000 dirhams, ensuite recruter huit (8) personnes et après 6 mois, récolter 5 000 dirhams.
Le succès immédiat de la tontine pousse les trois femmes , Yousra (la présidente), Karima (la directrice) et Maryam (la superviseuse) à l’élargir dans différentes régions du pays et dans la diaspora.
En fait, ce sont les participations des nouvelles membres qui permettent de payer les premières : Une vulgaire fraude de ponzi.
Les chiffres d’affaires augmentent crescendo. Mais des tensions entre les initiatrices du groupe entrainent une interruption brutale de l’envoi des gains aux participantes, sans aucune explication.
En juillet dernier, les premières plaintes ont été déposés à la police contre le groupe Al Khair.
Les agents de la BNPJ ont immédiatement ouvert une enquête et sont allés de surprise en surprise. L’affaire est encore loin d’avoir révélé tous ses secrets.