Cameroun : ouverture des concertations pour éradiquer le discours de haine dans l'espace public / Photo: Getty Images

Le gouvernement camerounais, à travers le Conseil national de la Communication (CNC), a lancé ce lundi à Yaoundé des concertations avec la société civile et les médias pour l'éradication du discours de haine du tribalisme, du repli identitaire et de la violence dans l'espace public pouvant fragiliser l'unité nationale.

Selon le CNC, ce déferlement de haine en constante évolution dans la société camerounaise trouve son terrain de prédilection dans les médias.

"L'heure est grave. Le discours de haine a pris des proportions inquiétantes dans nos médias. Nous devons combattre sa propagation. La responsabilité des médias est grande pour la construction d'une nation forte ", a déclaré Joseph Chebongkeng Kalabubse président du CNC.

"Si rien n'est fait aujourd'hui, demain sera peut-être trop tard. Il est question pour le gouvernement de préserver les populations camerounaises des drames comme les génocides ou la guerre civile", a poursuivi le président du CNC.

Ce déferlement de haine dans l'espace public, fragilise le Cameroun et est amplifié à l'aune des échéances électorales névralgiques.

"La montée du discours de haine dans notre pays constitue une menace réelle à la cohésion et à la stabilité de notre pays et est contre nos institutions", a rappelé de son côté René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication et représentant personnel du Premier ministre chef du gouvernement aux assises de Yaoundé.

Le ministre a déclaré que le contexte social actuel au Cameroun est fragilisé avec les crises dans les régions de l'Extrême Nord où sévit le groupe terroriste Boko Haram et les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, ravagées par la crise anglophone.

"La propagation du discours de haine est plus accrue en période électorale pour diviser les Camerounais", a-t-il fait remarquer.

Au cours des échanges, le CNC a cité en exemple le sociologue Claude Abé, enseignant et leader d'opinion, qui a récemment été rappelé à l'ordre par l'Université catholique d'Afrique centrale (Ucac) et par la Commission nationale des droits de l'homme du Cameroun (CDHC), pour avoir appelé chacun à rentrer chez soi.

"La République devra passer par une réforme foncière. Chacun devra rentrer chez lui. Il ne faut pas rester sur ce principe de la République pour envahir les gens dans leurs villages", avait-il déclaré sur le plateau de la télévision Vision 4 au cours de l'émission "club d'élites" du 16 avril dernier.

Enfin, le gouvernement camerounais qui se défend de vouloir porter atteinte à la liberté d'expression, rappelle avoir pris des engagements multilatéraux notamment à travers le pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966 par l'Assemblée générale des Nations unies pour la liberté d'expression, la protection de la dignité humaine.

Il indique également qu'il est partie prenante au plan d'action de Rabat adopté en 2012 permettant d'identifier les discours de haine, l'intolérance, la stigmatisation et la discrimination sur la base de la nationalité, de l'origine ethnique, de la religion ou des opinions.

"A l'aune de délicates et névralgiques échéances politiques, il est indispensable, sinon d'éradiquer, du moins réduire dans les médias, le discours de haine à sa plus simple expression", a fait valoir le président du CNC.

AA