Selon des témoins, au moins 20 personnes ont été tuées dans une attaque menée dans la nuit de dimanche à lundi dans le village de Egbekaw (région du Sud-Ouest). Les autorités locales et sécuritaires ont aussitôt imputé l'acte aux séparatistes anglophones.
Parmi les victimes, des hommes, femmes et enfants. "Dix autres personnes grièvement blessées ont été conduites à l'hôpital", a assuré à l'Agence France Presse sous couvert de l'anonymat un haut responsable de l'administration de la région contacté par téléphone.
Un haut responsable de la Commission des Droits de l'Homme du Cameroun (CDHC) a confirmé l'attaque et évoqué un bilan provisoire de 15 morts. "Mais ce chiffre peut évoluer", a assuré à l'Agence France Presse le membre de cet organisme gouvernemental.
"Cela s'est passé à 04h00 du matin. Des jeunes gens armés sont venus et ont tiré sur les habitants endormis dans leurs maisons et mis le feu à tout un pâté de maisons", a raconté en milieu de matinée un habitant du village qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.
"On a déjà sorti 23 personnes des décombres, dont certains ne sont même pas reconnaissables à cause de l'incendie", a-t-il poursuivi.
L'attaque d'Egbekaw n'a pas été revendiquée, ce qui n'a pas empêché les journaux de la mi-journée des radios et télévisions publiques de l'attribuée "aux séparatistes".
Selon d'autres sources locales, "un meeting du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, était prévu dans les environs à l'occasion du 41ᵉ anniversaire de l'accession de Paul Biya au pouvoir."
Les attaques des rebelles, qui se font appeler les "Ambazoniens" (du nom d'une "Ambazonie" dont ils ont proclamé unilatéralement l'indépendance en 2017), s'attaquent fréquemment à des civils qu'ils accusent de "collaborer" avec Yaoundé.
Les forces de sécurité sont également régulièrement accusées par les ONG internationales et l'ONU de "bavures", tueries et autres tortures sur des civils qu'elles soupçonnent de sympathiser avec les rebelles.
Le 4 octobre, deux villageois ont ainsi été exécutés publiquement sur le marché du village de Guzang, dans le Nord-Ouest, par un groupe qui les accusait de renseigner l'armée. Les rebelles se livrent aussi à des kidnappings de civils accusés, ou non, de "collaborer", qui se résolvent dans la plupart des cas par le paiement de rançons.
Début juillet, Amnesty international s'était de nouveau alarmée d'"atrocités" dont sont victimes les civils, notamment des "exécutions extrajudiciaires", "homicides" d'habitants dont des femmes et des enfants, "tortures" et "viols", perpétrés par les séparatistes armés comme par des membres des forces de sécurité.
Le conflit avec les séparatistes avait éclaté fin 2016 après que Paul Biya eut fait réprimer violemment des manifestations pacifiques d'anglophones dans les deux régions, qui s'estimaient ostracisés et marginalisés par le pouvoir central.