Le président kényan, William Ruto, a annoncé, mercredi 26 juin, le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses de taxes, à l’origine d’une vague de contestation meurtrière.
‘’Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré’’, a déclaré William Ruto dans un discours au lendemain d’une journée de mobilisation émaillée de violences contre ce projet de budget qui a fait vingt-deux morts, selon la Commission nationale des droits humains du Kenya (KNHRC).
Le projet de budget 2024-2025 prévoyait notamment une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers.
Le gouvernement, qui estime les nouvelles taxes nécessaires en raison du fort endettement du pays, a annoncé le 18 juin, - après un début de contestation - retirer la plupart des mesures prévues à cet effet. Cependant les manifestants, en majorité des jeunes, ont exigé le retrait intégral du texte.
‘’Après l’adoption du projet de loi, le pays a été témoin d’une large expression de mécontentement à l’égard du projet de loi tel qu’il a été adopté, qui a malheureusement entraîné des pertes de vies humaines et des destructions de biens’’, a ajouté le chef de l’Etat.
Et William Ruto de souligner : ‘’Puisque nous nous sommes débarrassés du projet de loi de finances 2024, il est nécessaire d’avoir une conversation en tant que nation à l’avenir. (…) Comment gérer ensemble notre situation d’endettement ? (…) Je proposerai un engagement avec les jeunes de notre nation, nos fils et nos filles.’’
La vague de contestation a débuté la semaine dernière dans le calme et un mouvement de protestation contre les taxes, baptisé ‘’Occupy Parliament’’, a été lancé sur les réseaux sociaux peu après la présentation, au Parlement, le 13 juin, du projet de budget 2024-2025.
Des milliers de personnes ont manifesté dans la capitale Nairobi et dans d’autres villes du Kenya, en rejet des nouvelles taxes prévues dans le budget 2024-2025, débattu au Parlement.
La tension est montée d’un cran, mardi 25 juin. La police a tiré à balles réelles pour dissuader la foule, qui a forcé les barrages de sécurité pour pénétrer dans l’enceinte du Parlement.
Des bâtiments ont été saccagés et incendiés, notamment à Eldoret, dans la Vallée du Rift, le fief du président William Ruto. Nairobi et plusieurs autres villes ont été également le théâtre de pillages.
Le gouvernement a, par la suite, pris la décision de déployer l’armée pour soutenir les forces de l’ordre face à cette ‘’urgence sécuritaire’’ et à ces ‘’destructions et intrusions dans des infrastructures cruciales.’’
Mardi 25 juin au soir, le président Ruto s’est engagé à réprimer fermement la ‘’violence et l’anarchie’’ et promis de poursuivre les ‘’criminels se faisant passer pour des manifestants pacifiques’’ qui font ‘’régner la terreur contre le peuple, ses représentants élus et les institutions.’’