La résolution tant attendue de la plus puissante institution de l’ONU, demandant des "mesures urgentes" pour un accès ininterrompu de l’aide humanitaire à Gaza, a été largement saluée au plan international, mais jugée insuffisante par les premiers concernés: les Palestiniens.
Après quatre reports, la dernière version du texte a obtenu 13 voix "pour" parmi les 15 membres du Conseil de sécurité, avec l’abstention des représentants américain et russe.
Avant le vote, les États-Unis avaient opposé leur veto à une proposition d'amendement, dans laquelle la Russie demandait un arrêt immédiat des hostilités à Gaza afin de garantir un accès ininterrompu et sûr à l'aide humanitaire.
Engouement européen
L'Union européenne a salué la résolution appelant à davantage d'aide et à un meilleur accès à la bande de Gaza. "Je salue la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à une livraison rapide, sûre et accrue de l'aide à la population de Gaza et à jeter les bases d'une cessation des hostilités", a écrit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur la plateforme X.
La Commission travaille avec des partenaires dans la région et au-delà "pour faire face à l'urgence humanitaire et préparer le lendemain, dès aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
Le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, a déclaré qu'il saluait les efforts déployés par les Nations unies pour présenter la résolution et qu'il appelait les parties à respecter leurs obligations légales et à en assurer la mise en œuvre.
M. Borrell a révélé qu'il s'était entretenu avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour l'assurer du "soutien indéfectible" de l'UE au rôle de l'ONU dans la fourniture d'une assistance aux civils à Gaza.
Le “oui” sceptique de l’Égypte
Étant l’un des principaux intermédiaires dans les médiations humanitaires dans ce conflit, aux côtés du Qatar et des États-Unis, la position de l'Égypte revêt une importance particulière. Le Caire a salué l'adoption de la résolution au Conseil de sécurité, mais a souligné qu'elle était insuffisante parce qu'elle n'incluait pas une demande de cessez-le-feu.
Dans une déclaration écrite, le ministère égyptien des Affaires étrangères se félicite de la mise en place d'un mécanisme international d'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza et de la nomination d'un coordinateur de haut niveau des Nations unies chargé de faciliter l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza.
Tout en reconnaissant que la décision était une mesure "importante et positive" visant à atténuer les souffrances des civils et le manque des services de base à Gaza, l’Égypte juge cet effort "insuffisant" tant qu’il n’impose pas un cessez-le-feu immédiat qui créerait un environnement propice à la mise en œuvre de tous les articles de la décision et à l'arrêt de l'effusion de sang.
La déclaration précise également que l'Égypte continue de travailler en étroite collaboration avec les parties internationales qui soutiennent la paix en vue d'un cessez-le-feu total.
Et les crimes de guerre ?
Même son de cloche à Ramallah, où l’Autorité palestinienne a décrit la résolution au Conseil de sécurité de l’ONU comme un pas vers la fin des attaques à Gaza, même si elle a été tardive.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a fait une déclaration écrite à la suite de l'adoption de la résolution 2720 affirmant que, bien que tardive, elle constituait un pas vers l'arrêt des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité que la machine de mort israélienne commet chaque jour à l'encontre de la population de Gaza.
Une décision “vidée de sa substance”
Le Hamas a jugé insuffisant l’énoncé de la résolution, exprimant son mécontentement face à l'incapacité du Conseil de sécurité de l’ONU à prendre une décision pour mettre fin à la guerre "génocidaire" en cours à Gaza.
Dans une déclaration écrite, le Hamas a ajouté que cette résolution est "une étape insuffisante et n'est pas à la hauteur du désastre causé par la machine de terreur militaire à Gaza.”
Le mouvement palestinien a par ailleurs accusé les États-Unis d'avoir "vidé le projet de résolution de sa substance et de l'avoir fait adopter dans une formulation faible qui permet à Israël de poursuivre l'effusion de sang et la destruction à Gaza".
“Manquement au devoir” humanitaire
Les instances humanitaires et organisation non gouvernementales dénoncent, pour la plupart, une léthargie internationale complice. La directrice de Medical Aid for Palestinians, Melanie Ward, a déclaré que la résolution du Conseil de sécurité n’était pas au niveau des aspirations et qu'il s'agissait d'une réponse tout à fait insuffisante face à l'ampleur des besoins humanitaires.
La directrice générale de l'organisation caritative basée au Royaume-Uni a noté que 20.000 Palestiniens ont été tués, qu'un quart des hôpitaux fonctionnent, alors que le monde continue à "manquer à son devoir envers les habitants de Gaza dans les moments les plus sombres".
Depuis le 7 octobre, l'armée israélienne mène une guerre destructrice à Gaza, qui a fait plus de 20.000 morts et des dizaines de milliers de blessés, pour la plupart des enfants et des femmes. Les sources palestiniennes et internationales s’accordent à dire que la campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza a causé d'immenses dégâts aux infrastructures et une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent.