Le Cachemire fait l'objet d'un litige entre l'Inde et le Pakistan depuis que les deux pays ont accédé à l'indépendance il y a 75 ans. Les deux parties revendiquent l'intégralité du territoire. / Photo : AFP

Brandissant un fusil à verrou, le fonctionnaire Sanjeet Kumar est l'un des 5 000 villageois du Cachemire qui ont rejoint des unités de miliciens entièrement hindous, armés et entraînés par les forces indiennes pour lutter contre les attaques des rebelles dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde.

L'Inde compte plus d'un demi-million de soldats stationnés en permanence dans les régions du Cachemire à majorité musulmane qu'elle contrôle, alors que le gouvernement nationaliste hindou tente d'écraser une insurrection qui dure depuis des décennies.

Les autorités ont annoncé la création de ces nouvelles milices l'année dernière, et un assaut rebelle meurtrier dans le village frontalier de M. Kumar, en janvier, l'a incité à s'engager.

"Nous avons été totalement terrorisés par l'attaque", a déclaré à l'agence de presse AFP cet employé municipal de 32 ans qui travaille au service de l'électricité.

Portant un tilak de couleur safran sur le front pour marquer son appartenance à la communauté hindoue, M. Kumar a déclaré qu'il était prêt et capable de défendre sa maison.

"Quiconque devient un traître à notre nation est ma cible", a-t-il déclaré à l'AFP.

Une seule communauté

L'Inde a lutté contre des groupes rebelles réclamant l'indépendance du territoire ou son rattachement au Pakistan, dans le cadre d'une insurrection qui a fait des dizaines de milliers de morts.

Les nouvelles unités de milice, connues sous le nom de "Village Defence Guards", ont été dévoilées l'année dernière à la suite d'une série d'attentats visant des officiers de police et des habitants hindous du Cachemire.

L'Inde arme des milices civiles pour lutter contre la peur des rebelles du Cachemire / Photo : AFP

Ce projet a été largement plébiscité par les habitants hindous de la région, mais les villageois musulmans craignent que la milice ne fasse qu'exacerber les difficultés du Cachemire.

"Ce qui m'inquiète, c'est la façon dont les armes sont distribuées à une seule communauté", a déclaré un musulman âgé vivant à Dhangri, qui a demandé à ne pas être nommé.

"Aujourd'hui, les armes sont brandies par des jeunes. Ce n'est bon pour personne", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je sens une tension croissante".

De nombreux habitants de Dhangri, le hameau isolé où vit M. Kumar, sont encore endeuillés par l'attentat qui a coûté la vie à sept de leurs voisins et que la police a imputé à des militants basés au Pakistan.

"Avec ou sans armes, nous sommes terrorisés", a déclaré le fermier Murari Lal Sharma, 55 ans, en tenant son fusil chargé de calibre 303.

"Mais maintenant, je vais me défendre".

Un officier paramilitaire indien a déclaré que les villageois nouvellement armés étaient en état d'alerte permanent. / Photo : AFP

Expérience antérieure

Un officier paramilitaire indien a déclaré que les villageois nouvellement armés étaient en état d'alerte permanent au point que son unité les informait à l'avance de leur patrouille nocturne, afin qu'ils ne soient pas pris accidentellement pour des militants et qu'ils ne soient pas la cible de tirs.

"L'objectif est de créer une ligne de défense, pas une ligne d'attaque", a déclaré à l'AFP Kanchan Gupta, du ministère indien de l'information.

L'Inde a créé une milice civile au Cachemire au milieu des années 1990 comme première ligne de défense lorsque la rébellion armée contre le pouvoir indien était à son apogée.

L'Inde a créé une milice civile au Cachemire au milieu des années 1990 comme première ligne de défense/ Photo : AFP

Environ 25 000 hommes et femmes, dont des adolescents et quelques musulmans, ont reçu des armes et ont été organisés en comités de défense de village dans la région de Jammu.

Les groupes de défense des droits ont accusé les membres de ces comités d'avoir commis des atrocités à l'encontre des civils.

Au moins 210 cas de meurtres, de viols et d'extorsions imputés aux milices ont fait l'objet de poursuites judiciaires, selon les registres officiels, mais moins de deux pour cent des accusés ont été condamnés.

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