Dans la ville symbole de la paix au Japon, les dirigeants des principales démocraties industrialisées doivent s'accorder sur un durcissement face à la Russie et trouver une ligne commune vis-à-vis de la puissance militaire et économique croissante de la Chine.
Face à Moscou, le G7 devrait s'efforcer de perturber les fournitures militaires du pays, de combler les lacunes en matière de contournement des sanctions, de réduire encore sa dépendance à l'énergie russe et de s'engager à geler les avoirs de Moscou jusqu'à la fin de la guerre, a assuré un haut responsable du gouvernement américain de Joe Biden.
Washington a ouvert la marche vendredi en annonçant de nouvelles sanctions "significatives" contre la "machine de guerre russe".
Elles doivent empêcher "environ 70 entités en Russie et dans d'autres pays de recevoir des biens exportés américains", a ajouté ce responsable.
D'autres membres du G7 - qui réunit les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et le Canada - ont suivi, Londres dévoilant peu après de nouvelles mesures ciblant le secteur minier russe, dont un embargo sur le commerce de diamants, qui rapporte chaque année plusieurs milliards de dollars à Moscou.
Ces sanctions montrent que "le G7 reste uni face à la menace de la Russie et ferme dans son soutien à l'Ukraine", a déclaré le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
"Les diamants russes ne sont pas éternels", a ironisé de son côté le président du Conseil européen Charles Michel, annonçant que l'Union européenne allait aussi en limiter le commerce.
Suspense autour de Zelensky
Les Émirats arabes unis, l'Inde et la Belgique, qui est membre de l'UE, figurent parmi les principaux importateurs de diamants russes, et un responsable européen avait estimé jeudi que l'adhésion de New Delhi serait cruciale.
Les dirigeants du G7 pourront présenter leurs arguments directement au Premier ministre indien Narendra Modi, dont le pays entretient des liens militaires étroits avec la Russie, et qui a refusé de condamner l’offensive russe.
L'Inde fait partie des huit pays tiers dont les dirigeants ont été conviés à Hiroshima: un moyen pour le G7 de tenter de rallier certains Etats réticents à condamner Moscou et à s'opposer aux ambitions militaires croissantes de Pékin.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky devrait s'exprimer par vidéoconférence au cours du week-end. Le gouvernement japonais a écarté l'hypothèse de sa venue en personne, mais les spéculations persistent.
Avant d'entamer leurs discussions, les dirigeants du G7 se sont retrouvés vendredi matin au Parc du mémorial de la paix de Hiroshima.
Les chefs d'Etat et de gouvernement devaient déposer des gerbes devant le cénotaphe qui commémore les quelque 140.000 personnes tuées par la bombe atomique américaine du 6 août 1945.
Rêve japonais de désarmement
"J'espère qu'ici à Hiroshima, le G7 et les dirigeants d'autres pays montreront leur engagement en faveur de la paix, ce dont l'histoire se souviendra", a déclaré jeudi le Premier ministre japonais Fumio Kishida, qui a ses racines familiales et politiques à Hiroshima et qui aimerait inscrire le désarmement nucléaire à l'ordre du jour.
Ce moment de recueillement devrait cependant rester symbolique étant donné que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France possèdent des milliers d'ogives nucléaires, et que les autres membres du G7, dont le Japon, sont couverts par le "parapluie nucléaire" américain.
M. Biden deviendra le deuxième président américain en exercice ,à visiter Hiroshima, mais comme Barack Obama en 2016 il ne devrait pas présenter d'excuses au Japon.
Outre l'Ukraine, l'agenda sera aussi dominé par la Chine et la diversification des chaînes d'approvisionnement des pays du G7 pour se prémunir contre le risque de "coercition économique" de Pékin.
"Nous voulons organiser les relations d'approvisionnement, de commerce et d'investissement à l'échelle mondiale de manière à ce que les risques ne soient pas accrus par la dépendance à l'égard de certains pays", a déclaré jeudi le chancelier Olaf Scholz, sans citer la Chine.
La France a toutefois assuré que ce ne serait "pas un G7 de la confrontation" mais "un G7 de la coopération et de l'exigence à l'égard de la Chine".