L’annonce par le Qatar d’un accord entre Israël et le Hamas n’a pas calmé l’ardeur des militaires israéliens qui ont multiplié les attaques sur la bande de Gaza où est attendue une aide humanitaire.
L’accord négocié conjointement par Doha et Paris porte sur "l'entrée de médicaments (...) pour les otages en échange d'une cargaison d'aide humanitaire pour les civils dans la bande de Gaza".
Le chef de la diplomatie qatarie a expliqué que "les médicaments et l'aide seront envoyés demain (mercredi) à la ville d'Al-Arich" en Egypte "à bord de deux avions des forces armées qataries, en vue de leur transfert vers la bande de Gaza".
Simultanément, des frappes israéliennes près de l'hôpital Nasser de Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza, ont provoqué un mouvement de panique chez les centaines de personnes déplacées par les combats. Le ministère de la santé du Hamas a confirmé la mort de plusieurs personnes dans des bombardements nocturnes sur des tours de Khan Younès.
Situation catastrophique
Plongée dans une situation humanitaire jugée "catastrophique", Gaza fait face à un "risque de famine" et d'une crise sanitaire et ce, en plein pic de froid d'hiver, selon l'ONU.
Israël qui a juré d'anéantir le mouvement Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007, pilonne ce territoire dans une campagne militaire sans précédent qui tué 24.285 personnes, soit 1% de la population, et en grande majorité des femmes, enfants et adolescents.
Le tout alors que le territoire subit "la plus longue perturbation des télécommunications enregistrée depuis le début du conflit, la plupart des habitants étant incapables de contacter le monde extérieur depuis le 12 janvier", selon NetBloks, un organisme de surveillance du Web.
Médicaments contre vivres
Si les tentatives de parvenir à un "cessez-le-feu" ou à une seconde trêve comme celle de fin novembre ont échoué, une médiation du Qatar et de la France doit permettre l'acheminement d'aide pour les civils palestiniens et de médicaments pour les otages. Un accord de trêve fin novembre avait permis une pause d'une semaine dans les combats et la libération notamment d'une centaine d'otages réduisant, selon les autorités israéliennes, à 132 le nombre de personnes qui manquent à l'appel, dont 27 seraient toutefois mortes.
Or au moins un tiers des otages souffrent de maladies chroniques et nécessitent un traitement, selon un rapport publié le 9 janvier par un collectif des familles d'otages, "Bring them home now" ("Ramenez-les maintenant à la maison"). A Tel-Aviv, des manifestants israéliens anti-guerre ont affronté mardi soir la police lors d'un rassemblement contre le gouvernement Netanyahu et sa guerre à Gaza.
Tensions régionales
Plus tôt cette semaine, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait annoncé que la phase "intensive" des opérations armées dans le sud de Gaza, après celles presque complétées dans le nord, "se terminera bientôt".
Cette guerre exacerbe aussi les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les Etats-Unis au premier chef, et l'"axe de la résistance" établi par l'Iran, qui réunit notamment le Hezbollah libanais et les Houthis du Yémen.
A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du mouvement dans le sud du Liban.
L'armée américaine a mené mardi de nouvelles frappes au Yémen contre des sites contrôlés par les Houthis qui menacent de continuer à cibler “les navires israéliens ou ceux faisant route vers la Palestine occupée”, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
La France a "décidé de ne pas se joindre" aux frappes de la coalition américano-britannique au Yémen pour "éviter toute escalade", a déclaré mardi le président Emmanuel Macron, évoquant "le risque dans la durée" pour Israël de poursuivre des opérations pas suffisamment ciblées à Gaza.