La bande de Gaza est le théâtre ce jeudi de raids aériens et d'affrontements féroces entre l'armée israélienne et des combattants du mouvement de résistance palestinien Hamas à l'heure où le gouvernement de Benjamin Netanyahu rouvre la porte à des discussions avec son allié américain sur une éventuelle opération à Rafah.
Tôt ce jeudi, le ministère de la Santé de Gaza a fait état d'au moins 66 victimes tuées au cours de la nuit, notamment dans des frappes aériennes, tandis qu'un haut responsable local rapportait des combats près de la ville de Gaza (nord) et à Khan Younès (sud).
En parallèle, l'agence de presse palestinienne Wafa a dénombré des heurts dans différentes localités de la Cisjordanie occupée.
L'armée israélienne poursuit ses attaques dans le complexe hospitalier Al-Shifa de Gaza-Ville. A Khan Younès, les soldats mènent des opérations dans le secteur des hôpitaux Nasser et Al-Amal, distants d'environ un kilomètre.
L'hôpital Al-Amal "a cessé de fonctionner complètement", a indiqué plus tôt cette semaine le Croissant-Rouge palestinien après l'évacuation des civils qui s'y trouvaient.
En réponse à l'abstention des Etats-Unis concernant une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant lundi à un "cessez-le-feu immédiat" dans la bande de Gaza, le gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait annulé l'envoi d'une délégation à Washington pour discuter du projet d'offensive terrestre à Rafah.
Mercredi, un haut responsable américain a déclaré que les services de M. Netanyahu avaient "fait savoir qu'ils aimeraient trouver une nouvelle date pour organiser la réunion consacrée à Rafah".
Après Gaza-Ville et Khan Younès, Israël veut poursuivre son offensive terrestre jusque dans cette ville à la pointe sud de la bande de Gaza, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés en raison des violences causées par l’armée israélienne.
Le Qatar -pays médiateur avec l'Egypte et les Etats-Unis- a assuré cette semaine la poursuite des négociations indirectes entre Israël et le Hamas visant à arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats, doublée d'un échange d'otages israéliens et palestiniens.
Menaces et soutiens
La rapporteuse de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, qui a affirmé qu'il existait des motifs raisonnables "de croire qu'Israël avait commis plusieurs "actes de génocide" à Gaza, a déclaré mercredi avoir reçu des "menaces" mais assure ne pas vouloir démissionner.
Un grand nombre de pays, pour la plupart arabes et musulmans mais aussi d'Amérique latine, ont apporté leur soutien cette semaine à Albanese qui se trouve au centre d'une controverse, certains observateurs estimant que ses déclarations sont parfois trop musclées.
Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, les attaques israéliennes ont provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine, selon l'ONU.
Alors que l'aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays arabes et occidentaux parachutent quotidiennement des vivres, surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.
"Une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées, à des centaines de kilomètres de tout. Ici, l'aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres : il faut utiliser les routes !", a déclaré James Elder, porte-parole de l'Unicef, depuis Rafah.
Mardi, le Hamas avait annoncé la mort de 18 personnes, dont 12 noyées, en essayant de récupérer de la nourriture parachutée tombée en mer, appelant à l'arrêt des largages et à l'ouverture des accès terrestres pour l'acheminement des aides.
Le bilan des victimes de l'offensive israélienne contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 s’est alourdi à 32.490 morts, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé de Gaza.