Groupe d'élus indépendants plutôt classés au centre, les députés Liot ont déposé une proposition de loi visant à abroger la très impopulaire réforme voulue par le président Emmanuel Macron. S'il a peu de chances d'aboutir sur le plan législatif, ce texte entretient la flamme des opposants avant une nouvelle journée de mobilisation le 6 juin.
Cette proposition de loi, qui est examinée mercredi en commission à l'Assemblée nationale, embarrasse l'exécutif qui cherche à tourner la page des retraites après un vaste mouvement de contestation dans la rue au début de l'année en France.
A l'issue d'une longue bataille parlementaire, la réforme qui relève de 62 à 64 ans l'âge de départ a finalement été adoptée sans vote et promulguée mi-avril.
Le débat en commission des Affaires sociales mercredi constitue un premier round avant l'examen du texte dans l'hémicycle le 8 juin et devrait donner lieu à de nouvelles passes d'armes entre le camp macroniste et les oppositions, sur un sujet qui continue d'électriser le pays.
Le camp présidentiel, qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée, entend "faire bloc" contre une proposition de loi qu'elle juge inconstitutionnelle, tandis que les députés de gauche accusent la majorité de vouloir à nouveau "les museler" après les avoir déjà empêchés de voter sur la réforme au printemps.
Mardi, la Première ministre Elisabeth Borne a une nouvelle fois attaqué les oppositions, les accusant de mentir aux Français "en portant, avec la plus grande démagogie, un texte dont chacun sait ici, pertinemment, qu'il serait censuré par le Conseil constitutionnel".
Selon l'exécutif, une abrogation de la réforme coûterait plus de 15 milliards d'euros et serait donc contraire à la Constitution qui dispose qu'une proposition de loi ne doit pas créer de charge pour les finances publiques.
"Nous ne laisserons pas l'exécutif museler la représentation nationale", ont répondu les quatre groupes de la coalition de gauche Nupes, promettant d'utiliser "tous les moyens possibles" pour riposter au camp présidentiel.
Emmené par Marine Le Pen, le groupe d'extrême droite du Rassemblement national a, de son côté, prévu de soutenir le texte d'abrogation "face aux tentatives de sabordage de la macronie".
Quant au groupe Liot, il a écrit au chef de l'Etat pour lui demander "de laisser les députés voter et de respecter le fait démocratique".