Yahya Sinwar, le chef du Hamas à Gaza, s'exprime lors d'un dîner d'iftar du Hamas pendant le mois sacré du Ramadan dans la ville de Gaza, le 30 avril 2022. Photo : AA

Le mouvement de résistance palestinien Hamas a désigné mardi Yahya Sinwar comme nouveau chef de son bureau politique.

Yahya Sinwar succède à Ismail Haniyeh, qui a été assassiné à Téhéran, la capitale iranienne, après avoir assisté à la cérémonie de prestation de serment du nouveau président iranien le 31 juillet, a indiqué le groupe dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram.

Le Hamas et l'Iran ont accusé Israël d'avoir assassiné Haniyeh, mais Tel-Aviv n'a ni nié ni confirmé sa responsabilité.

Le choix de M. Sinwar, 61 ans, reflète son histoire avec le Hamas. Il a été le plus haut responsable du groupe de résistance à Gaza pendant deux mandats consécutifs, le premier commençant en 2017 et le second en 2021.

"Il ne fait aucun doute que le choix de Sinwar à ce poste est un défi à l'occupation israélienne et indique que l'homme reste efficace, fort et maître du terrain à Gaza malgré la guerre israélienne en cours depuis près de 10 mois", a confié à Anadolu l'écrivain et analyste politique palestinien Ibrahim Al-Madhoun à la suite de la désignation de Sinwar à la tête du bureau politique du Hamas.

"La désignation de Sinwar était naturelle en interne, puisqu'il était effectivement l'adjoint de Haniyeh, en tant que chef du Hamas à Gaza", a-t-il ajouté.

Ibrahim Al-Madhoun a souligné la nécessité pour Yahya Sinwar de faire prochainement une déclaration, éventuellement par écrit, annonçant sa nomination à la tête du bureau politique du Hamas.

Enfance

Yahya Ibrahim Hassan Sinwar est né en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de Gaza. Sa famille est originaire de la ville de Majdal Shams dans le sud d'Israël, d'où elle a été déplacée de force en 1948.

Actions

Yahya Sinwar a rejoint les Frères musulmans à un jeune âge et a étudié à l'Université islamique de Gaza, où il a obtenu une licence en arabe. Pendant ses années d'université, il a dirigé le "Bloc islamique", la branche étudiante des Frères musulmans.

En 1985, Yahya Sinwar a fondé l'appareil de sécurité des Frères musulmans, connu à l'époque sous le nom d'"Al Majd". Cette organisation se concentre sur la résistance à l'occupation israélienne à Gaza et sur la lutte contre les collaborateurs palestiniens.

L'activisme estudiantin de Al-Majd Sinwar l'a aidé à acquérir l'expérience qui lui a permis plus tard d'assumer des rôles de direction au sein du Hamas après sa fondation en 1987.

Case prison

En 1982, l'armée israélienne a arrêté Yahya Sinwar pour la première fois et l'a relâché au bout de quelques jours, avant de l'arrêter à nouveau plus tard dans l'année et de le condamner à six mois de prison pour "participation à des activités de sécurité contre Israël".

Le 20 janvier 1988, Israël l'arrête à nouveau et le condamne à quatre peines de prison à vie plus 30 ans pour avoir "fondé l'appareil de sécurité Al Majd et participé à la création de la première aile militaire du Hamas, connue sous le nom de Moudjahidin palestinien".

Yahya Sinwar a passé 23 ans dans les prisons israéliennes avant d'être libéré dans le cadre d'un échange de prisonniers entre le Hamas et Israël en 2011, connu sous le nom d'"accord sur Shalit". En vertu de cet accord conclu le 11 octobre 2011, Israël a libéré 1 027 détenus palestiniens en échange de la libération du soldat israélien Gilad Shalit par le Hamas.

Leadership du Hamas à Gaza

Après sa libération en 2011, Yahya Sinwar a participé aux élections internes du Hamas en 2012, remportant un siège au bureau politique et assumant la responsabilité de la supervision de l'aile militaire du groupe, les Brigades Al-Qassam.

En septembre 2015, les États-Unis ont ajouté Yahya Sinwar à leur liste de "terroristes internationaux". Selon les médias israéliens, les services de sécurité israéliens ont également inscrit Yahya Sinwar sur la liste des principales cibles d'assassinat à Gaza.

Israël, bafouant une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat, est confronté à une condamnation internationale en raison de la poursuite de son offensive brutale sur Gaza.

Depuis, plus de 39 600 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 91 600 ont été blessés, selon les autorités sanitaires locales.

Près de dix mois après le début de la guerre israélienne, de vastes étendues de Gaza sont en ruines, victimes d'un blocus paralysant qui les prive de nourriture, d'eau potable et de médicaments.

Israël est accusé de génocide par la Cour internationale de justice, qui lui a ordonné de mettre immédiatement fin à son opération militaire à Rafah, où plus d'un million de Palestiniens s'étaient réfugiés pour échapper à la guerre avant d'être envahis le 6 mai.

AA