Au moins 115 personnes ont été tuées et 145 autres blessées vendredi soir dans une attaque armée suivie d'un énorme incendie dans une salle de concert de la banlieue de Moscou.
Les forces de l'ordre russes ont indiqué être "à la recherche" des assaillants. Les mêmes autorités ont averti que le bilan de l'attaque "peut augmenter".
Daesh revendique l'attaque
L'attaque a été peu après revendiquée par Daesh qui a déjà ciblé la Russie à plusieurs reprises. Le groupe terroriste a affirmé sur l'un de ses comptes Telegram que ses combattants "ont attaqué un grand rassemblement (...) dans les environs de la capitale russe Moscou".
Il a affirmé que son commando avait ensuite "regagné sa base en toute sécurité". La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova avait dénoncé auparavant un "attentat terroriste sanglant" et un "crime monstrueux". L'Ukraine avait rapidement nié toute responsabilité, mettant même en cause les services secrets russes.
Selon le ministre de la Santé Mikhaïl Mourachko, 115 personnes sont hospitalisées, dont cinq enfants. Soixante adultes et un mineur parmi ces blessés sont dans un état grave.
Cet assaut, dont les médias russes ont commencé à faire état vers 20H15 à Moscou (17H15 GMT), a été mené par plusieurs individus armés au Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, à la sortie nord-ouest de la capitale russe.
Des suspects arrêtés
Le directeur des services de sécurité russes (FSB) a "informé" le président Vladimir Poutine de "l'arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Ces quatre personnes suspectées d'être les auteurs de l'attaque ont été arrêtées dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine et du Bélarus, a ensuite précisé le Comité d'enquête.
Le FSB a affirmé que les suspects avaient des "contacts appropriés du côté ukrainien" et comptaient fuir dans ce pays.
Les autorités n'ont avancé aucune preuve de ces liens supposés, dont la nature n'a pas été précisée, l'Ukraine ayant de son côté nié toute implication dès vendredi.
Les autorités russes n'ont pas commenté la revendication de Daesh et le président Vladimir Poutine n'est pas apparu en public depuis cette attaque, la plus meurtrière à avoir frappé la Russie depuis le milieu des années 2000.
Vaste incendie
Des journalistes de l'Agence France-Presse disent avoir vu le bâtiment en proie à un vaste incendie, des volutes de fumée noire s'échappant du toit, ainsi qu'une très importante présence de la police et des services de secours, dont les gyrophares bleus éclairaient par dizaines la nuit.
"Il reste encore quelques foyers, mais l'incendie a été pratiquement circonscrit. Des secouristes ont pu pénétrer dans l'auditorium" où le toit s'était effondré, a déclaré dans la nuit sur Telegram le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.
Les travaux de déblayage y ont commencé "et vont durer toute la journée", a-t-il indiqué dans la matinée, en précisant que 477 secouristes étaient déployés sur les lieux.
Aucune information n'a été donnée sur le nombre de personnes potentiellement piégées à l'intérieur.
Les témoignages
"Juste avant le début, nous avons tout d'un coup entendu plusieurs rafales de mitraillette et un terrible cri de femme. Puis beaucoup de cris", a raconté à l'Agence France-Presse Alexeï, un producteur de musique qui se trouvait en loges au moment de l'attaque.
Selon un journaliste de l'agence de presse publique Ria Novosti, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption dans le parterre de la salle de concert avant d'ouvrir le feu et de lancer "une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie".
Les flammes se sont propagées à près de 13.000 m² du bâtiment avant que l'incendie ne soit contenu, selon les services de secours.
Vladimir Poutine, qui a été informé "dès les premières minutes" de l'attaque, selon le Kremlin, a souhaité un prompt rétablissement aux victimes et remercié les médecins, après avoir reçu les rapports des responsables des forces de l'ordre et des services de secours.
Le Comité d'enquête a diffusé une vidéo montrant les enquêteurs en train de travailler dans le hall de la salle de concert, où l'on peut voir une arme automatique et des chargeurs de munitions.
Evènements annulés
Les chaînes Telegram d'actualités Baza et Mash, réputées proches des forces de l'ordre, ont elles publié des vidéos montrant au moins deux hommes armés avançant dans le hall et d'autres sur lesquelles on peut voir des cadavres et des groupes de personnes se précipitant vers la sortie.
D'autres images montrent des spectateurs se cachant derrière des sièges ou évacuant la salle de concert.Selon le ministère russe des Situations d'urgence, les pompiers sont parvenus à évacuer une centaine de personnes qui se trouvaient dans le sous-sol de la salle. Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l'annulation de tous les événements publics ce week-end.
Les principaux musées et théâtres de la capitale ont annoncé leur fermeture.
Plusieurs autres régions russes ont annoncé, elles aussi, avoir annulé tous les évènements publics samedi et dimanche, en signe de solidarité. Des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place selon la télévision russe, notamment dans les aéroports moscovites et dans d'autres grandes villes du pays.
Cette attaque s'est produite lors d'un concert du groupe de rock russe Piknik.
Les réactions
La Turquie condamne unanimement "l’attentat terroriste odieux" perpétré à Moscou.
Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, a dénoncé l'acte terroriste avec indignation et transmis ses condoléances au peuple et au gouvernement russes.
La Maison Blanche s'est dit "en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque". L'UE et l'Espagne se sont dit "choquées". Le président français Emmanuel Macron, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le Conseil de sécurité et de nombreux autres pays ont condamné l'attaque.
Le président chinois Xi Jinping a présenté samedi ses "condoléances" à Vladimir Poutine, en assurant que la Chine "soutient fermement les efforts du gouvernement russe pour maintenir la sécurité et la stabilité" en Russie.
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a affirmé que l'Ukraine, qui fait face depuis deux ans à une offensive militaire russe, "n'a absolument rien à voir" avec la fusillade.
Une unité de combattants russes anti-Kremlin à l'origine de plusieurs incursions armées à la frontière russe ces derniers mois, la Légion Liberté de la Russie, a aussi nié toute implication.
L'ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens qu'elle "suivait de près des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts".
La Maison-Blanche a affirmé que les États-Unis ont partagé ces renseignements avec les autorités russes.