Le président américain Joe Biden a estimé que la mort de Aysenur Ezgi Eygi, militante américano-turque, tuée lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée était "un accident".
"Apparemment c'était un accident, il y a eu un ricochet sur le sol et elle a été touchée par accident", a-t-il dit, au grand dam de la famille.
Dans une déclaration séparée, la famille d'Aysenur Eygi a exprimé son indignation face à toute suggestion selon laquelle sa mort aux mains d'un tireur d'élite israélien n'était pas intentionnelle, réitérant son appel à une enquête indépendante sur son assassinat.
"L'enquête préliminaire de l'armée israélienne sur l'assassinat d'Aysenur est totalement inadéquate ; nous sommes profondément offensés par l'idée que son assassinat par un tireur d'élite entraîné n'était en aucune façon intentionnel", a déclaré la famille dans un communiqué.
"Alors que nous pleurons la mort de notre bien-aimée Aysenur, nous réitérons notre demande aux dirigeants du gouvernement américain - le président Biden, la vice-présidente (Kamala) Harris et le secrétaire d'État (Antony) Blinken - d'ordonner une enquête indépendante sur le tir ciblé délibéré et l'assassinat d'une citoyenne américaine par l'armée israélienne", ajoute le communiqué.
M. Biden n'a pas parlé à la famille d'Eygi pour lui présenter ses condoléances, a déclaré lundi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, en réponse à une question.
Témoignage accablant
Hamid Ali, un proche d'Aysenur, a immédiatement rejeté la qualification d'accident. "Elle a été tuée d'une balle dans la tête tirée par un tireur d'élite israélien posté à 200 mètres de là. Il ne s'agit pas d'un accident et son meurtrier doit être tenu pour responsable ", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Aysenur “défendait pacifiquement la justice en tant qu'observateur international et témoin des souffrances des Palestiniens”, a-t-il ajouté.
M. Ali a également critiqué le manque de communication de la part de la Maison Blanche. “Depuis quatre jours, nous attendons que le président Biden décroche son téléphone et fasse ce qu'il faut : nous appeler, nous présenter ses condoléances et nous faire savoir qu'il ordonne une enquête indépendante sur l'assassinat d'Aysenur” a-t-il déploré.
Les activistes pro-Palestine, dans le collimateur
Aysenur Ezgi Eygi se tenait pacifiquement dans une oliveraie en Cisjordanie occupée, une terre où des générations de Palestiniens ont versé leur sang et leurs larmes, lorsqu'elle a été abattue par un tireur d'élite israélien.
Elle se trouvait à Beita, dans la région de Naplouse, pour protester contre les colonies israéliennes illégales implantées dans la ville.
L'autopsie d'Eygi a confirmé qu'elle avait été tuée par une balle tirée par un sniper qui a visé spécifiquement sa tête, selon le gouverneur de Naplouse, Ghassan Daghlas.
"Cela ne peut être interprété autrement que comme une attaque délibérée, ciblée et précise de la part de l'armée contre un civil désarmé", a affirmé la famille dans un communiqué.
L'armée israélienne a estimé qu'il était "très probable" que des tirs de son armée aient tué "indirectement et involontairement" la militante. Selon elle, les faits se sont produits "au cours d'une violente émeute durant laquelle des dizaines de suspects palestiniens ont brûlé des pneus et lancé des pierres en direction des forces de sécurité".
Le Mouvement de solidarité internationale (International Solidarity Movement, ISM), dont Aysenur Ezgi Eygi était membre, a assuré que les allégations que des militants auraient jeté des pierres sur l'armée israélienne étaient "fausses", ajoutant que la manifestation était pacifique.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a déclaré que l'assassinat d'Eygi était "le résultat direct de la mise en œuvre des instructions" des politiciens israéliens visant à tuer des Palestiniens et des militants.
Le ministère a tenu le gouvernement israélien pour entièrement responsable de ce crime qui confirme ses plans prédéterminés de faire monter la tension pour couvrir ses projets coloniaux dans les territoires occupés.
Pour le ministère turc des affaires étrangères, la mort d'Eygi est un "meurtre" commis par le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Lundi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré que son pays ferait tout "pour que la mort d'Aysenur Ezgi ne reste pas impunie".