Beaucoup de musulmans de Gaza ne seront pas en mesure de célébrer ce mercredi la fête de l'Aïd al-Fitr marquant la fin du mois sacré de jeûne du Ramadan, en raison du conflit et de la faim. Israël poursuit ses bombardements meurtriers à Gaza.
Au moins 14 Palestiniens ont été tués mardi soir et plusieurs autres blessés par un bombardement aérien israélien, contre le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa. D’après cette source, des avions de combat israéliens ont ciblé un bâtiment résidentiel dans le camp.
Les opérations militaires israéliennes ont fait 153 morts en 24 heures dans le territoire palestinien, selon le ministère de la Santé à Gaza.
Le président américain a décrié cette situation.“Je pense que ce qu’il fait est une erreur. Je ne suis pas d’accord avec son approche”, a déclaré M. Biden, mardi, dans une interview avec la chaîne hispanophone Univision, en réponse à une question sur la conduite de la guerre par Israël.
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a toutefois jugé qu'une offensive israélienne sur Rafah ne semblait pas être "imminente".
Entretemps, les pays médiateurs tentent toujours d’obtenir un accord de trêve lié à une libération d'otages au Caire. Le Qatar, l’Égypte et les États-Unis ont mis sur la table dimanche une nouvelle proposition en trois étapes.
La première prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l'entrée de 400 à 500 camions d'aide alimentaire par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas.
Le Hamas a dit lundi "étudier la proposition" avant de transmettre sa réponse aux médiateurs, ajoutant qu'Israël "n'avait répondu à aucune" de ses demandes.
La Maison Blanche a jugé mardi les déclarations du Hamas sur cette proposition "pas très encourageantes".
"Il est temps. Concluons ce cessez-le-feu. Nous sommes prêts. Je pense qu'Israël est prêt. Et je pense que le Hamas devrait venir à la table et être prêt à le faire également", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la présidence américaine, Jake Sullivan.
"Il y a une date"
Israël avait annoncé dimanche le retrait de ses troupes de la grande ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, détruite après plusieurs mois de combats, afin de préparer "la poursuite de leurs missions dans la zone de Rafah" toute proche.
Cette ville frontalière avec l'Égypte abrite, selon l'ONU, environ un million et demi de personnes, en majorité des déplacés.
En dépit de multiples mises en garde de capitales étrangères qui craignent de lourdes pertes civiles, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se dit déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.
"Cela se fera - il y a une date", a affirmé lundi M. Netanyahu, sans dévoiler cette date.
"Nous achèverons l'élimination des bataillons du Hamas, y compris à Rafah. Aucune force au monde ne nous arrêtera", a-t-il encore déclaré mardi, en visite sur une base militaire.
Antony Blinken a cependant assuré mardi qu'Israël n'avait pas fourni aux États-Unis, opposés à une offensive massive sur Rafah, de date pour cette éventuelle opération.
La guerre a éclaté le 7 octobre tuant jusqu'à présent 33.360 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé à Gaza.
La guerre a entraîné un déplacement massif de population et provoqué une catastrophe humanitaire dans le petit territoire assiégé de 2,4 millions d'habitants, où l'ONU redoute une famine généralisée alors que l'aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, arrive en quantité très insuffisante, principalement via l'Égypte.
Israël, confronté à une très forte pression internationale pour laisser passer davantage d'aide, a affirmé que 468 camions étaient entrés mardi dans la bande de Gaza, le nombre le plus élevé en une journée depuis le début de la guerre.
"Un tsunami"
Dans la ville de Gaza, dans le nord, une mission de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a résumé la dramatique réalité après une visite lundi à l'hôpital al-Chifa, détruit lors d'une opération israélienne en mars: "Cet endroit, qui était un lieu où l'on donnait la vie, n'évoque plus que la mort", a déploré un médecin membre de la délégation, Athanasios Gargavanis.
Dans les ruines de l'immense complexe hospitalier, l'identification des cadavres est une nouvelle épreuve pour les secours et les familles. "Nous manquons de l'équipement nécessaire et le temps ne joue pas en notre faveur, nous devons terminer avant que les corps ne se décomposent", a raconté à un correspondant de l'AFP le directeur du service des urgences, Amjad Aliwa.
Depuis l'annonce dimanche du retrait israélien de Khan Younès, des milliers de déplacés ont regagné la ville pour découvrir un paysage apocalyptique.
"Cette maison, ma maison, était un bâtiment de cinq étages et abritait plus de 80 personnes. Il ne reste plus rien. Ici, j'ai vécu mon enfance sous un sycomore qui avait plus de cinquante ans. Je ne le trouve plus", se lamente Mohammed Saggah, de retour dans sa ville. "Ce n'est pas une guerre, pas une agression, c'est un tsunami qui a frappé le quartier", ajoute-t-il.