Par Alseny Thiam
Pour beaucoup de jeunes Africains, le premier frein dans la réalisation de leurs rêves reste l'accès à ces pays européens. Les visas sont difficiles à obtenir pour les jeunes subsahariens et nombreux, parmi eux, choisissent d'accéder à l'Europe par la mer Méditerranée en passant par les pays d'Afrique du Nord.
Or, le chemin est âpre, et il est évident que parmi les milliers d'Africains qui meurent chaque année sur les routes de la Méditerranée, nombreux sont de jeunes footballeurs.
Parmi ceux qui parviennent en Europe, le filtre est aussi très important dans les structures professionnelles, en Europe et particulièrement en France. Aujourd'hui, les clubs recrutent leurs joueurs dès l'âge de 12 ans, et les clubs n'offrent que très peu de places aux joueurs non issus de leurs centres de formation, à moins d'avoir un profil de joueur exceptionnel.
Le rêve pour être professionnel est donc un chemin difficilement accessible. Il y a bien sûr quelques grands noms d'origine africaine qui parviennent au panthéon des meilleurs joueurs du monde et quelques-uns qui font des carrières honorables. Mais pour la grande majorité des footballeurs d'origine africaine, le rêve ne se concrétise pas.
Toutefois, des passerelles existent aujourd'hui entre des académies africaines et certains centres de formation européens. La génération dorée ivoirienne, symbolisée par Yaya Touré, a bénéficié de ces partenariats entre académies africaines et clubs européens. Les joueurs profitent, dans le cadre de ces partenariats, d'une bonne préformation, d'une situation régulière en Europe, d'avoir des clubs d'accueil, etc.
En outre, passer par des centres de préformation permet aux joueurs d'avoir le “niveau” de formation scolaire et les aptitudes indispensables à une intégration réussie dans les clubs, mais aussi au sein des sociétés européennes.
Du côté africain, il est fondamental d'investir dans le football local. Tandis que les pays d'Afrique du Nord ont des championnats de qualité, avec de belles infrastructures et des joueurs qui peuvent gagner leurs vies dans le football, ceci est moins vrai en Afrique subsaharienne.
En Afrique subsaharienne, les championnats locaux sont très peu sponsorisés, ce qui fait que les clubs n'ont pas assez de revenus. Or, le football peut être un levier de développement pour certains pays africains.
L'Afrique a un levier de talents, mais pour faire du football un moyen de développement pour les pays africains, il faut professionnaliser ce sport, développer des championnats amateurs locaux notamment de jeunes, associer certaines entreprises, afin que ces dernières s'investissent dans le sport et le football.
Le football peut générer des revenus pour les acteurs du secteur, mais à condition que les pays africains parviennent à créer un cercle “vertueux” de revenus autour de ce sport. Les revenus issus de cette activité pourront alimenter le financement dans d'autres secteurs de l'économie. Mais aussi, générer des revenus pour les collectivités et les communautés.
Mais pour mettre cela en place, il faut développer un football de “proximité” et lier les mondes amateurs et professionnels, afin de permettre aux clubs locaux et de quartier de disposer de revenus, surtout grâce à l'appui des entreprises, mais aussi l'organisation de championnats structurés à tous les niveaux d'âge à partir de 12 ans.
Certains pays, à l'image du Brésil, utilisent le football comme moteur de croissance et comme solution aux problématiques de délinquance. Les pays africains peuvent utiliser aussi le sport et le football pour occuper les jeunes, les retenir pour les préserver des aventures migratoires souvent périlleuses, et éviter aussi aux jeunes africains de sombrer dans la "délinquance" et le désespoir des rêves"brisés".
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