Par Firmain Eric Mbadinga
Si Pinocchio, le héros principal de l'auteur italien Carlo Lorenzini (1826 - 1890) a pris vie dans la fiction, les créations de Sorobabel qui vont des tasses faites en bambous de Chine aux ustensiles de cuisine les plus modernes, jouent un rôle vital dans de nombreux foyers en Guinée équatoriale.
Même si elles ne bougent ni ne parlent, les créations de Sorobabel Ntutumu Obono, 30 ans, sont en effet pleines de vie et leurs couleurs et leurs formes tapent à l'œil des personnes qui ont la possibilité de les voir ou encore de les toucher à Bata, la capitale économique de ce pays d'Afrique centrale.
Qu'il s'agisse de son arbre à gobelets avec à son pied un poisson dont l'apparence fait penser à un tilapia, ou qu'il s'agisse de sa corbeille à fruits dans laquelle cohabitent maïs, courge et haricot, ou encore qu'il s'agisse de sa corbeille à fruits de mer dans laquelle crabe, crevette et langouste rivalisent d'éclat, Sorobabel réalise ces objets de décoration de maison avec un sens du détail qui les rend encore plus réalistes.
"Quand je suis remonté sur Bata en provenance de mon village en 2006, j'étais déjà inspiré et j'avais déjà l'envie d'être sculpteur ou artisan. Même pendant mes études et les petits travaux que je faisais, cela vivait en moi et je savais qu'un jour, je réaliserais mon désir de concrétiser mes inspirations créatives." déclare Sorobabel à TRT Afrika pour évoquer sa motivation de toujours.
Avant de répondre à l'appel du maillet, des ciseaux à bois et du rabot, qui sont désormais ses principaux outils de travail, Sorobabel a eu l'occasion de faire ses preuves comme technicien et mécanicien dans son district natal de Mofono yemfen Evinayong.
Son expérience professionnelle dans ces deux corps de métier embrassés dès 2008 a renforcé la dextérité manuelle de Sorobabel qui s'est officiellement engagé à exprimer son art dans le bois en 2018.
'' Après ces expériences professionnelles, je suis retourné chez mes parents qui sont installés à Bata et j'ai commencé à me lancer dans l'art. Ainsi, j'ai eu beaucoup d'idées avec le bois et un jour, j'ai dit que je dois mettre cela en pratique, et donc depuis 2018.
J'ai commencé petit à petit avec les tasses en bambou, et à partir de là, j'ai commencé à m'inspirer d'autres en essayant à chaque fois de mettre de la finesse dans mes créations. '' explique l'artisan créateur à TRT Afrika.
Afin de renforcer la finesse de ces abjects, l'artisan, qui puise chaque jour dans son imagination, utilise aussi des objets comme la ponceuse électrique qui est utilisée à la fois pour polir le bois et pour polir le métal.
À ses débuts dans l'artisanat, avec spécialité le travail du bois, "Soro" comme l'appellent ses proches, affirme que l'engouement et les encouragements étaient moins importants qu'aujourd'hui. L'artiste a transformé ce qu'il percevait comme de l'indifférence en source de motivation pour produire des objets encore plus beaux et afin améliorer ses ventes.
" Cela m'a rendu plus fort et j'ai voulu travailler plus dur et améliorer mon travail, c'est pourquoi j'ai commencé à publier mes produits sur Facebook et dans les groupes WhatsApp, et petit à petit, j'ai commencé à avoir des clients, jusqu'à aujourd'hui. Mon expérience et mon inspiration et ma patience avec le travail continuent de croître de jour en jour, dans le sens où lorsqu'il n'y a pas de vente au début.
Avec le temps, je deviens plus fort et je trouve davantage d'inspirations pour créer d'autres modèles très différents de ceux que j'ai déjà fabriqués auparavant. " explique en détail le jeune équato-guinéen d'un ton confiant.
Parmi toutes ses réalisations à ce jour, Sorobabel dit n'avoir de préférence pour aucune d'entre elles, même si la première œuvre est celle qui l'avait mis dans une sorte de stress : le stress du débutant.
"Jusqu'à aujourd'hui, mon expérience et mon inspiration, mes intérêts et ma paix avec le travail augmentent de jour en jour, je fais tout pour m'appliquer au centimètre près afin de toujours proposer des œuvres de qualité pour que le tout soit rentable" explique Sorobabel dont le travail suscite de plus en plus d'admiration et de curiosité.
Comme dans la quasi-totalité des pays africains, le marché de l'art en Guinée équatoriale connaît une clientèle mixte. À côté de la clientèle composée d'équato-guinéens eux-mêmes, les clients étrangers sont pour l'heure ceux qui passent le plus de commandes à des artisans créateurs comme Sorobabel Ntutumu Obono.