Margaret (au centre) est entourée de ses étudiants avec leur certificat d'ambassadeurs littéraires (Image Chi Margaret Edum)

Par Firmain Eric Mbadinga

Lorsqu'elle est sur scène, Chi Margaret Edum, slameuse, auteur et poétesse camerounaise de 25 ans, est comparable à une boule d'énergie, à un électron dont la liberté de ton aborde des sujets qui comptent pour le développement de sa communauté.

Lorsque cette jeune dame tient le microphone, elle appelle la société à plus de solidarité, à plus d'entraide et invite chacun à la préservation des valeurs socioculturelles de son pays.

Margaret est une artiste engagée qui a décidé d'être la première actrice de ses propres plaidoyers en aidant les jeunes de la commune de Bamenda, dans le nord-ouest du Cameroun, à travers sa structure The Literary Touch – THELIT.

Il s'agit d'un incubateur qui forme, depuis trois ans, des jeunes aux arts lyriques et aux arts oratoires tels que la poésie, la prise de parole en public ou le slam.

La formation vise à donner aux pensionnaires l'opportunité d'élargir leurs compétences, d'explorer les métiers des arts et de construire davantage leur personnalité.

Dans le monde des lettres et du maniement des mots et de la voix, Margaret bénéficie d'une expertise et d'un talent avérés qui rendent crédibles les formations qu'elle donne aux autres.

'' Grâce à ma passion pour l'écriture, j'ai remporté plusieurs prix et mes œuvres ont été publiées dans des magazines nationaux et internationaux. Je suis par ailleurs une bénévole fervente, ayant reçu une formation approfondie en matière de consolidation de la paix, de conservation de l'environnement, d'atténuation des discours de haine."

"Ces formations incluent aussi des thématiques liées à la lutte contre la violence basée sur le genre. Nous les formons aussi sur la prise de parole en public, la communication, l'écriture créative, le travail d'équipe et le leadership d'équipe, la pensée critique, l'engagement communautaire et l'intelligence émotionnelle.'' précise Chi Margaret Edum à TRT Afrika.

À ce jour, à The Literary Touch - THELIT, 23 jeunes ont appris à écrire et à déclamer des textes narratifs ou poétiques. Ils ont également été initiés à des questions qui portent sur leur environnement proche ou lointain.

En septembre dernier par exemple, l'un des ateliers organisés par l'incubateur a porté sur des thèmes tels que la préservation de la nature, la beauté de l'identité africaine, de l'estime de soi et de l'optimisme.

L'exercice consistant à débattre de ces sujets avant de les théoriser à travers des poésies, puis de les déclamer avec force et conviction en public.

Les formations gratuites sont offertes à tous, diplômés ou non diplômés, et peuvent avoir une portée professionnelle, intellectuelle et thérapeutique.

''J'ai vraiment beaucoup appris de ces ateliers. L'une des choses qui m'ont le plus apporté, c'est le fait de travailler sur des œuvres de poètes et d'auteurs déjà connus. Cette approche m'a amenée à affiner un peu plus ma plume et à augmenter mon volume de lecture'', témoigne Blessing Ndfutu qui a bénéficié des formations, au même titre que Lewong Chesly qui dit être sorti de cette école en sachant écrire ses propres poèmes.

Magaret déclame un poème lors d'une formation sur la littérature africaine et les thème de fierté et identité africaine. (Photo : Chi Margaret Edum)

Quand ce n'est pas une structure locale, à l'instar de l'association Xhuma Africa qui œuvre dans l'humanitaire, c'est l'université de Bamenda qui prête à Margaret son cadre, en signe de soutien et d'approbation de son action sociale dont les impacts sont déjà perceptibles.

''L'efficacité de mon accompagnement peut être évaluée en premier lieu par l'évolution du comportement des personnes qui répondent aux appels à candidature que nous lançons. Au tout début des formations, certains participants sont souvent réservés, timides et éprouvent des difficultés à s'exprimer."

"Au fil du temps, et à mesure qu'ils gagnent en confiance, ils deviennent capables d'explorer pleinement leurs personnalités et leurs potentiels, aussi bien individuellement qu'en équipe. Après avoir bénéficié de la formation, nombre d'entre eux présentent leurs œuvres et les déclament lors de différents événements. Il y a donc un impact tangible.''

L'accompagnement de Margaret dure en moyenne un mois, mais elle dit prendre tout le temps qu'il faut pour suivre les gens au cas par cas, afin de s'assurer de l'atteinte des objectifs spécifiques et communs des apprenants.

''Je me souviens du cas le plus difficile que j'ai eu à gérer : c'était celui d'une petite fille qui souffrait d'abord d'une crise identitaire, puis d'une faible estime de soi. J'ai compris qu'elle était très jeune et qu'elle avait des difficultés à s'intégrer,'' ajoute Chi Margaret Edum.

Pour cette élève, avant de démarrer les ateliers liés à la poésie et à l'écriture à proprement parler, Margaret a porté sa casquette de coach de vie pour faire comprendre à la jeune fille et aux autres que la solution, en cas de problème identitaire, n'est pas forcément de vouloir faire comme tout le monde, mais plutôt se démarquer avec ce que l'on pourrait avoir de particulier, d'unique.

Afin de continuer à avoir un impact positif auprès des jeunes qui l'écoutent, Margaret, qui a déjà une licence en anglais, abreuve sa soif de savoir à l'université de Bamenda où elle est inscrite en master de communication et développement.

Margaret envisage de créer des partenariats avec des institutions publiques et privées dans le but de trouver des débouchés professionnels aux talents purs qu'il lui arrive de détecter alors que certains ne croyaient plus à leur réussite.

TRT Afrika