Par Jean Charles Biyo’o Ella
Le Conseil National de la Communication a, par correspondance séparée, demandé à l'opérateur de télédistribution "Canal+ international", de suspendre sans délai et jusqu'à nouvel avis, ses bouquets reçus au Cameroun, y compris la chaîne Canal+ Elles.
Le CNC dit avoir constaté la récurrence de la diffusion dans certaines chaînes du bouquet Canal+ International reçu au Cameroun, des programmes véhiculant « des pratiques obscènes à tendance homosexuelle et portant de ce fait, atteinte aux lois et valeurs de la République".
"Ces choses qu’ils diffusent sont contre les lois de la nature", soutient Joseph Chebongkeng Kalabubsu, le président national du CNC dans une interview exclusive à TRT Afrika. Et d’ajouter, "Il y a des choses qu’ils ne tolèrent pas chez eux. Mais nous aussi nous disons qu’il y a des choses que nous ne tolérons pas ici chez nous. C’est le cas de l’homosexualité", précise-t-il.
Dans un e première correspondance adressée à Canal+ le 12 juin, Le CNC avait déjà attiré l’attention du groupe français quant à la diffusion récurrente des scènes homosexuelles "dans des dessins animés destinés à l’enfance et aux mineurs" au Cameroun.
"Nous leur avons dit à travers nos discussions, que vous pouvez diffuser ce genre de films chez vous, mais au Cameroun, ça va à l’encontre de nos lois et coutumes". Trois mois après cette discussion, Joseph Chebongkeng, regrette que les engagements pris par ce groupe audiovisuel.
Ce dernier devait respecter ses engagements dans le cadre d'un accord audiovisuel co-signé avec le CNC. Il devait ainsi procéder à la révision de ses programmes, de telle sorte qu'ils soient conformes aux lois et aux coutumes du Cameroun. Ces clauses n'ayant pas été respectées, d’où la décision de suspension.
Une décision accueillie favorablement
Cependant, une source au sein de l’entreprise française précise que les engagements pris seront "effectivement respectés" et que les discussions vont se poursuivre avec les autorités nationales.
Au Cameroun, l’homosexualité est un délit condamné par l’article 347 du code pénal. La peine peut varier de six mois à cinq ans de prison ferme.
Au sein de l’opinion nationale, la suspension de la chaine "ELLES", a visiblement trouvé un écho favorable dans le pays.
"Je pense que l’homosexualité n’est même pas quelque chose dont il faut en discuter. C’est anti-biblique. Mon plus grand regret est que certains médias trouvent encore le moyen de l'introduire dans la société à travers des programmes audiovisuels".
"En tant que parent, je condamne fermement cette pratique et j'ai pris des mesures de contrôle parental pour protéger mes enfants", confie Louvier, un chef de famille.
Au sein des mouvements associatifs, la décision est aussi bien accueillie. Selon Boris Bilé, porte-parole de "Debout le Cameroun", une association contre la Dépénalisation de l'homosexualité: "C’est une décision salutaire que vient de prendre le gouvernement. Celle de préserver nos enfants des dictatures LGBT.
Nous espérons que les camerounais vont continuer dans cette fermeté".
Quant à Alphonse Ayissi Abena, le président de la fondation camerounaise des consommateurs, il prend acte de la décision et rappelle toutefois, qu’il est "inadmissible de donner un chèque en blanc aux initiatives qui portent atteinte à nos meurs et à nos coutumes".
C’est une décision "sévère et inopportune pour un pays des droits de l’homme", tempère Alice, une camerounaise de la diaspora, de passage à Yaoundé.
Pour cette française d’origine camerounaise, "la décision de suspendre cette chaine et autoriser l’existence d’associations qui prennent en charge des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres est contradictoire".
Un pays conservateur
A noter que la décision prise par le Cameroun, de sanctionner la chaine "Elles", n’est pas la première à l’endroit de la communauté LGBT.
En juin dernier, Jean-Marc Berthon, ambassadeur français pour les droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, avait été interdit d’accès au Cameroun.
Il devait en fait se rendre à Yaoundé pour animer une Conférence-débat autour de l’identité sexuelle, et évaluer les dispositions juridiques relatives à "l'encadrement des droits de la communauté LGBT" dans le pays.
Mais le gouvernement camerounais, face à la pression populaire, s'y était opposé.