Par Kudra Maliro
"Le Gomesi est une longue robe majestueuse pour les femmes, symbole de respect et de dignité. Son caractère élégant et sa couleur rappellent le vêtement traditionnel du Royaume du Buganda. On l’appelle Gomesi ou bodingi (alors portés dans les couvents)" a déclaré à TRT Afrika Vincent Kisiriko, journaliste ougandais basé à Kampala, qui a participé à plusieurs cérémonies traditionnelles des Baganda en Ouganda.
La robe est plébiscitée, beaucoup estimant qu’elle symbolise la modestie et pour, dit-on, la dignité qu'elle offre à la femme africaine. Les origines du Gomesi remontent à 1905. La robe a été introduite par un créateur Goanais, Caetano Gomes, qui résidait alors en Ouganda, un protectorat britannique à l'époque.
Dans le centre de l'Ouganda et dans de nombreuses autres régions du pays, aucune cérémonie traditionnelle n'est complète sans que les femmes ne soient impeccablement vêtues du Gomesi.
Cette robe peut être arborée lors de différentes cérémonies traditionnelles telles que les mariages traditionnels, les célébrations et les enterrements, pour ne citer que celles-là.
"C’est une fabuleuse robe longue jusqu’au sol et de couleur vive, à l'encolure carrée et aux manches courtes et bouffantes. Cette robe peut être décorée de perles, de bijoux, voire de pierres précieuses et cela dépend de la cérémonie" ajoute M. Kisiriko.
Le Gomesi est attaché à l'aide d'une ceinture placée sous la taille, au-dessus des hanches. Il possède souvent deux boutons sur le côté gauche de l'encolure.
Sa conception
L'histoire commence avec la création du lycée Gayaza (Kampala) en 1905 quand Miss Alfreda Allen, la directrice de ce lycée à l’époque, a demandé à un tailleur, M. Gomes, de concevoir un uniforme pour ses filles.
"Au départ, le Gomesi était conçu par des écorces d’un arbre appelle "Mulumba" (faux-figuier) mais avec l’arrivée des tissus en provenance de l’Inde, la Chine et la Turquie, la conception se modernise du jour au jour" dit Hansai Mutasa, une décoratrice professionnelle basée à Kampala, Ouganda à TRT Afrika.
La plupart des Gomesi sont en coton, en soie ou en lin, la soie étant le tissu le plus cher. Un kikooyi ou kanga est noué sous le Gomesi en lin pour éviter que le tissu ne colle au corps. Un Gomesi bien fait peut nécessiter jusqu'à six mètres de tissu. Il est vendu dans presque tous les magasins de tissus du pays.
Selon l’Uganda national bureau of standards (UNBS), l’Ougandaise des manufacturières, l’Afrique de l’Est dépense environ 350 millions de dollars américains en vêtements importés, un secteur en forte croissance qui relègue le textile africain au second plan sur le marché du continent.
Avec des festivals de la mode comme Fashion Awards de Kampala, la capitale ougandaise ambitionne de détrôner Dar Es Salam pour devenir la capitale de la mode en Afrique de l’Est.
"Le prix de Gomesi varie entre 10 dollars américains à des milliers de dollars. Lors des cérémonies nuptiales, toutes les femmes s’habillent en Gomesi (une longue robe avec une ceinture à la hache)" conclut M. Hansai.
Outre le Gomesi, l'Ouganda possède également d'autres vêtements traditionnels provenant de la partie occidentale du pays, tels que l'Esuuka, qui est porté par les Banyoro et les Batooro, et l'Omushanana, qui est attribué aux Banyankole et aux Bakiga, également originaires de la partie occidentale du pays.