Par Coletta Wanjohi
Les moments décisifs surviennent invariablement d'une manière qui ne prend parfois tout son sens que bien plus tard.
Pour Richard Randriamandrato, ce fut sa nomination au poste de ministre des affaires étrangères de Madagascar en mars 2022.
Cette fonction marque un changement important par rapport à son poste précédent de ministre de l'économie et des finances, où il s'était forgé une solide réputation.
Mais il a été limogé par décret présidentiel quelques mois seulement après sa nomination au poste de ministre des affaires étrangères.
Ce qui apparaissait alors comme un revers de carrière a débouché sur une nouvelle opportunité pour Randriamandrato en tant que candidat de Madagascar à la présidence de la Commission de l'Union africaine, un rôle qui, selon le président Andry Rajoelina, correspond le mieux à son profil.
La vision de l'action collective est la carte de visite de Randriamandrato, 65 ans, qui est en lice avec deux autres candidats - l'ancien Premier ministre kényan Raila Odinga et le ministre djiboutien des affaires étrangères Mahamoud Ali Youssouf - pour diriger l'Union africaine au cours des quatre prochaines années.
"Cette candidature illustre la volonté de Madagascar de contribuer activement à l'avenir de notre continent en défendant les valeurs d'unité et d'intégration régionale".
Les chefs d'État et de gouvernement africains éliront le prochain président de l'UA lors d'un sommet qui se tiendra dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, les 15 et 16 février.
Cette candidature illustre la volonté de Madagascar de contribuer activement à l'avenir de notre continent en défendant les valeurs d'unité et d'intégration régionale
Perspectives panafricaines
Le mandat de Randriamandrato en tant que ministre des affaires étrangères de mars à octobre 2022 a peut-être été court, mais ses références diplomatiques sont une force avec laquelle il faut compter
Il était auparavant conseiller spécial pour les relations internationales auprès du Premier ministre et du président.
Randriamandrato estime que le premier devoir de l'UA et de ses organisations affiliées est de renforcer la position de l'Afrique dans l'ordre mondial et de résoudre les conflits intracontinentaux.
"L'établissement de la paix entre les pays frontaliers en guerre nécessite le maintien d'un dialogue permanent et d'une diplomatie de reflation que l'UA doit maintenir et promouvoir", explique-t-il dans une déclaration sur sa vision.
L'UA s'apprête déjà à mettre en œuvre des réformes opérationnelles visant à l'alléger et à la rendre plus efficace, à fournir de meilleurs services aux Africains et à réduire sa dépendance excessive à l'égard des partenaires de développement.
"Ces réformes doivent être approuvées par les chefs d'État et faire l'objet d'un large consensus sur ce qu'il convient de faire pour orienter les actions futures", explique Randriamandrato.
Il fait confiance au président kenyan William Ruto, qui a été désigné par l'UA pour défendre les réformes proposées, pour faire avancer le processus.
"Je suis convaincu que le président Ruto apportera une perspective unique pour renforcer l'Union africaine", ajoute-t-il.
Les autres priorités de Randriamandrato sont la mise en place d'une UA autonome, dotée d'un financement national adéquat, et la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Expression des aspirations
Madagascar est une île située au large de la côte sud-est de l'Afrique et la quatrième plus grande île du monde après le Groenland, la Nouvelle-Guinée et Bornéo.
Selon le président Rajoelina, cet État insulaire de plus de 28 millions d'habitants "est prêt à relever le défi" de diriger une institution représentant 55 États membres.
Rasata Rafaravitafika, ministre malgache des affaires étrangères, se fait l'écho du président.
"C'est la première fois que Madagascar a un candidat pour un poste aussi élevé au sein de la Commission de l'Union africaine".
La candidature de Randriamandrato représente également une occasion unique pour les îles de l'océan Indien et les pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) de présenter une voix forte et unifiée.
Le vainqueur succédera à Moussa Faki Mahamat, du Tchad, qui a effectué deux mandats à la tête de l'UA.