Par Firmain Eric Mbadinga
Dans son enfance parisienne, Jean-Luc Agboyibo s'initie au basket-ball. Il s'est plongé dans ce sport, y trouvant un but ultime au-delà de la joie d'un panier.
Jean-Luc comprendra bien plus tard que sa passion pour le basket a nourri son esprit de don autant qu'elle lui a insufflé l'énergie du sport.
En 2012, le jeune homme a fondé l'association Leading Youth, Sport and Development, qui utilise le sport, en particulier le basket-ball, comme outil d'éducation et de développement personnel des filles et des garçons dans son pays natal, le Togo, et en Côte d'Ivoire.
Le projet favori de l'organisation, Milédou, s'associe à la NBA pour offrir ce qui est devenu une fenêtre sur un avenir plein d'opportunités pour des dizaines de jeunes talents africains en attente d'une percée.
"Milédou est né d'une rencontre en 2012 avec Amadou Gallo Fall et John Manyo Plange, les anciens directeurs de NBA Africa, qui ont depuis repris la gestion de la Basketball Africa League", raconte Jean-Luc à TRT Afrika.
"A l'époque, je terminais mes études en France et je voulais contribuer au bien-être de la jeunesse togolaise à travers le basket-ball. L'opportunité de travailler avec la NBA était inespérée, j'ai donc sauté sur l'occasion".
Une chance dans la vie
Plus d'une décennie plus tard, le zèle et l'engagement de Jean-Luc Agboyibo à encadrer les jeunes défavorisés d'Afrique par le biais du sport, et plus particulièrement du basket-ball, ne se démentent pas.
Qu'il s'agisse d'un jeune incarcéré pour un délit, d'une personne en détresse sociale ou d'un jeune rebelle en difficulté scolaire, Milédou offre à chacun la possibilité de prendre un nouveau départ.
Au centre Milédou de Kouvé, situé dans la région maritime du Togo, Jean-Luc et les membres de son association travaillent sans relâche pour étendre leur action sociale, qui va de l'entraînement au basket-ball à l'assistance éducative et sociale.
"Je veux créer un environnement pour les jeunes de mon pays où ils ont le droit de jouer et les opportunités qui peuvent en découler", déclare Jean-Luc, classé parmi les "100 jeunes leaders africains" par la Fondation franco-africaine en 2021.
Un homme en mission
Contrairement à la plupart des jeunes de son centre, Jean-Luc a eu une enfance relativement heureuse à Paris, avec un mode de vie normal et une bonne éducation. Il a vécu avec ses sœurs pendant que leurs parents vivaient et travaillaient au Togo.
Après avoir obtenu une licence en finance et marketing à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, puis un master en management du sport à l'AMOS Sport Business School, Jean-Luc s'est efforcé de recueillir l'avis de professionnels sur la manière de concrétiser son rêve.
En 2014, deux ans après la création du Centre Kouvé, le premier terrain de basket de Jean-Luc a été créé grâce à un investissement de 5 millions de francs CFA. "Le jour de l'inauguration, des gens nous ont abordés et nous ont demandé pourquoi nous n'avions pas investi cet argent dans des choses qu'ils jugeaient plus importantes", raconte-t-il.
Avec une conviction inébranlable, et grâce à des campagnes de sensibilisation et des tournois, Milédou a convaincu des centaines de jeunes au Togo et en Côte d'Ivoire d'adhérer à la vision de Jean-Luc.
En 2017, Jean-Luc a reçu l'autorisation de mener le programme Milédou dans la prison MACA d'Abidjan. L'objectif était d'apporter aux jeunes incarcérés un soutien psychologique et de les initier à un nouveau mode de vie par le biais du sport.
Jean-Luc finance également la scolarisation de jeunes filles issues de familles aux revenus incertains. Il s'agit souvent de jeunes filles dont la scolarité a été interrompue par une grossesse, par exemple.
"Les premières années, nous avons eu recours au crowdfunding. Après la troisième année, des fondations et des trusts ont commencé à s'intéresser au projet", explique Jean-Luc à TRT Afrika.
"Comme notre objectif n'était pas seulement le sport, nous avons attiré l'attention d'organisations travaillant pour l'éducation, l'inclusion des filles ou la cohésion sociale. A partir de la cinquième année, nous avons eu un travail à mettre en avant et nous avons récolté des sommes à cinq chiffres".
Parmi les tournants pour Milédou, le partenariat avec la Fondation Obama puis la Basketball Africa League (BAL) en 2019.
Une décision difficile
Jean-Luc se souvient que lorsque l'occasion de s'associer à la BAL s'est présentée, il n'était pas certain que Milédou en tirerait profit.
"Bien que conscient du potentiel et de l'impact social de mon organisation, je me posais des questions fondamentales sur le modèle d'entreprise et la durabilité de nos activités", explique-t-il. "En même temps, c'était une occasion unique d'apprendre au sein d'une organisation rattachée à la NBA.
Jean-Luc a occupé différents postes au sein de la BAL de 2020 à août 2023. En septembre, il a pris la tête d'Oméga Sports Holding, une société d'investissement dédiée au sport africain.
Milédou dispose d'une équipe de sept personnes à temps plein et de trois consultants qui travaillent à l'animation d'un réseau de 40 éducateurs dans 12 localités du Togo et de Côte d'Ivoire.
Si ce n'est dans le basket-ball, de nombreux jeunes formés par Milédou ont réussi dans d'autres domaines de l'activité humaine. Certains travaillent aujourd'hui pour des géants de la technologie tels que Microsoft.
La noble initiative de Jean-Luc continue de s'inspirer de la philosophie de Nelson Mandela : "Le sport a le pouvoir de changer le monde. Le pouvoir d'inspirer et d'unir les gens comme aucun autre".