La rupture des liens diplomatiques entre le Maroc et l'Algérie, survenue en août 2021, impacte le commerce entre les deux pays. Les échanges commerciaux entre les deux voisins s'établissent à 1.3 milliards de dirhams (environ 130 millions de dollars) en 2023, selon les statistiques de l’Office des changes marocain.
Par rapport à 2022, cela représente une chute de 62%, le plus bas niveau des échanges entre les deux voisins depuis 24 ans !
En 2020, alors que les deux pays n'avaient pas encore rompu diplomatiquement, les échanges s'élevaient à 5.3 milliards de dirhams (530 millions de dollars). Ce qui représentait, il y a 4 ans, à peine 1% des échanges internationaux du Maroc.
C’est dire si le niveau bas des échanges est symptomatique de la faible intégration économique entre les deux pays. Selon Jean-Michel Huet, associé Afrique au sein du cabinet de conseil BearingPoint, interrogé par Jeune Afrique, “l’Espagne et le Maroc échangent, à ce jour, 30 fois plus que le Maroc et l’Algérie“.
Une meilleure intégration économique serait mutuellement bénéfique aux deux pays. Au bout de dix ans, analyse l’expert, les PIB du Maroc et de l'Algérie grimperaient respectivement de 30% et 35%.
C’est dire si la normalisation des rapports entre les deux voisins est porteuse de richesse. Traditionnellement, l'Algérie exporte essentiellement vers le Maroc des hydrocarbures. En 2021, ces échanges représentent 480 millions de dollars contre 150 millions de dollars d’exportation marocaines, consistant en des produits chimiques et fertilisants, en plus des métaux et des biens agricoles, selon l’observatoire de la complexité économique de France.
En 2021, le commerce était, donc, excédentaire de 130 millions de dollars au profit de l'Algérie.
Avec un PIB de 325 milliards de dollars (195 milliards pour l'Algérie et 130 milliards pour le Maroc) contre 476.7 milliards de dollars pour le géant égyptien selon la Banque Mondiale, les deux pays réunis représentent un marché global de plus de 80 millions de consommateurs. C’est plus que les 52 millions d’habitants des cinq pays d’Afrique centrale réunis dans la CEMAC, d'après les statistiques de 2022 de la Banque Mondiale.
Un potentiel économique gâché, pour le moment, par les rivalités politiques nourries par la question du Sahara occidental.