La décision du nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, de renégocier les contrats miniers et pétroliers a été remise en cause par des analystes économiques et des hommes politiques.
M. Faye, par la voix de son ministre de l'énergie et des mines, M. Birame Souleye Diopon, a déclaré le 11 avril que le gouvernement renégocierait les contrats pétroliers, gaziers et miniers si nécessaire, une fois que l'audit promis serait achevé.
Lors de sa campagne électorale, M. Faye, qui est le plus jeune président démocratiquement élu d'Afrique, s'était engagé à donner la priorité à la renégociation des contrats pétroliers et gaziers. Il a souligné que les contrats signés par les anciens dirigeants étaient "très défavorables" au Sénégal.
Toutefois, la société australienne Woodside Energy, qui exploite le champ pétrolier de Sangomar, dans le centre-ouest du Sénégal, en association avec Petrosen, a exhorté le gouvernement à "respecter l'inviolabilité des contrats".
"Notre expérience a montré que les juridictions qui réussissent le mieux sont celles qui travaillent en partenariat avec l'industrie, respectent le caractère sacré des contrats et créent une certitude pour les investissements", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la société, Christine Forster.
L'ancien président du Sénégal, Macky Sall, a déclaré à Bloomberg News que cette décision pourrait avoir des conséquences.
"Franchement, penser que nous pouvons changer les contrats déjà signés avec les entreprises n'est pas possible. Ce serait un tournant désastreux pour le Sénégal", a déclaré M. Sall.
Selon le gouvernement précédent et les documents publiés par l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), jusqu'à 60 % des futurs revenus pétroliers et gaziers reviendraient à l'État sénégalais.
Ibrahima Bachir Drame, ancien directeur de la communication de Petrosen, affirme que "les clauses de renégociation explicites n'existent pas dans les contrats pétroliers", mais qu'il s'agit de "clauses qui règlent les litiges potentiels".
Drame a averti qu'une renégociation des contrats "serait une entreprise risquée" et que "la réputation du Sénégal dans le monde de l'investissement pourrait décourager les prétendants potentiels".