Actuellement, 83 % des habitants d’Afrique subsaharienne dépendent encore des combustibles de biomasse traditionnels.
En Afrique subsaharienne, les retards enregistrés ces dernières années dans l’adoption et le développement des technologies de cuisson propre engendrent chaque année des impacts estimés à environ 791,4 milliards de dollars par an par la Commission de l’énergie de l’Union africaine, dans son rapport « Mise à l'échelle durable : Relever le défi de la cuisson propre en Afrique ».
Ce chiffre inclut les impacts sur la santé, les inégalités de genre, le changement climatique et la dégradation des ressources naturelles.
Selon le document, il existe une grande disparité dans le recours aux solutions propres de cuisson entre les zones rurales et les zones urbaines. Un fossé qui ne cesse d’ailleurs de se creuser.
Dans les grandes villes en Afrique par exemple, 58,3 % des habitants utilisaient encore des combustibles polluants en 2021. Si ce chiffre représente une amélioration notable par rapport à deux décennies plus tôt, les zones rurales, elles, peinent à progresser dans l’adoption durable des technologies de cuisson propre.
Entre 2000 et 2021, le taux d’utilisation des combustibles polluants y est passé de 86,6 % à seulement 80,8 %, une réduction marginale qui inquiète et traduit l’inefficacité des politiques mises en œuvre dans ce sens.
Cette dissimilitude s’explique surtout par le manque d’infrastructures en milieu rural, l’accès limité aux services essentiels, et l’absence d’opportunités économiques pour adopter des solutions modernes.
Par conséquent, seulement 18 % des ménages en Afrique subsaharienne ont accès à des combustibles et technologies propres en 2021, un des taux les plus bas au monde. Les chiffres n’ont pas été actualisés depuis lors.
L’exemple du Gabon par rapport aux autres pays d’Afrique centrale illustre parfaitement cette grande disparité.
Le pays a développé des politiques d’accès au gaz de pétrole liquéfié au cours des dix dernières années et signale une adoption du gaz de cuisson de plus de 60 %. Ce chiffre devrait atteindre 80 % au cours des prochaines années. Pendant ce temps, la moyenne régionale est de l’ordre de 10 %.
Des exemples de progrès, mais une majorité de retardataires
Certains pays se distinguent par leurs efforts. Le Ghana et le Cameroun ont mis en place des programmes pour promouvoir l’utilisation du gaz de pétrole liquéfié (GPL) en milieu urbain, réduisant ainsi la dépendance au bois et au charbon.
De leur côté, des pays comme le Cap-Vert, l’Afrique du Sud ou Maurice ont presque atteint l’accès universel grâce à des politiques proactives favorisant le gaz naturel, l’électricité et des technologies modernes.
En revanche, d’autres pays comme la RDC, Madagascar, l’Ouganda et le Niger affichent des taux d’accès inférieurs à 10 %, malgré une croissance démographique rapide.
Si rien n’est fait, d’ici 2030, quatre Africains sur cinq continueront de cuisiner avec des combustibles polluants, aggravant les impacts sanitaires et environnementaux, s’alarment les experts de la Commission de l’énergie de l’Union africaine.
Outre les pertes directes, le rapport relève que l’absence de solutions de cuisson propre entrave des opportunités économiques cruciales, notamment dans le domaine de la santé publique où la pollution intérieure due aux foyers traditionnels cause environ 600 000 décès par an sur le continent.
Sur le plan de l’égalité des genres, les femmes, principales responsables de la collecte du bois, consacrent beaucoup de temps à cette tâche, au détriment de leur éducation ou d’activités rémunératrices.
En ce qui concerne la protection de l’environnement, le rapport met en évidence que la dépendance au bois et au charbon contribue à la déforestation et aux émissions de gaz à effet de serre.
Face à ce constat, l’Union africaine propose une Facilité africaine pour la cuisson propre, visant à intégrer ce défi dans les stratégies énergétiques et économiques des pays.
Ce programme encouragerait les investissements et favoriserait une approche coordonnée, mettant fin aux initiatives fragmentées des 30 dernières années.