La rupture des accords de Défense entre le Tchad et la France marque un tournant significatif dans les relations entre les deux pays. Ce revers inattendu s'explique par une série de désaccords stratégiques, militaires et politiques, mais pas seulement.
Ce divorce s’inscrit dans un contexte où la France, aveuglée par son ancien statut de puissance coloniale et son rôle dominant en Afrique, a ignoré les signes de mécontentement de ses partenaires africains, dont le Tchad fait désormais partie.
Arrogance de la France
D’abord, l’attaque d’octobre 2023 menée par Boko Haram autour du lac Tchad a révélé de manière criante les défaillances de la coopération militaire franco-tchadienne.
En dépit de la présence de troupes françaises dans la région, Paris a refusé de soutenir son allié face à cette offensive, se montrant incapable de partager des renseignements ni de fournir l’appui aérien demandé par N'Djaména.
Cette inertie militaire a été perçue par le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, comme un manquement grave à l’engagement de la France en tant que partenaire stratégique.
L'absence d’action concrète sur le terrain a alimenté le ressentiment de N'Djaména, qui a vu dans cette passivité une preuve de négligence de la part de la France, peu soucieuse des réalités sécuritaires de ses alliés africains.
En outre, selon RFI, Idriss Déby aurait également perçu une forme d’”arrogance” dans les recommandations du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot qui aurait, lors de sa visite le 28 novembre dernier, suggéré un report des élections législatives et locales au Tchad, afin de favoriser “plus d’inclusivité”.
Pour N'Djaména, ces pressions étaient une ingérence injustifiée dans ses affaires internes, un rappel de l’époque où les décisions étaient imposées par la puissance coloniale.
Par ailleurs, Déby n’a pas non plus toléré les critiques du ministre français concernant l’implication du Tchad dans la crise soudanaise.
Paris a accusé N'Djaména de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti, dans leur lutte contre le gouvernement soudanais, ce qui a exacerbé les tensions.
L’argument français, qui pointait du doigt les actions du Tchad dans une guerre qui dépasse les frontières nationales, a été perçu comme une ingérence dans les choix stratégiques d’un État souverain.
Le Tchad a, de son côté, estimé qu’il avait le droit de défendre ses intérêts et de soutenir ses alliés régionaux, même si cela allait à l’encontre des priorités françaises.
Cette série de maladresses diplomatiques, militaires et politiques témoigne de l’arrogance d’une France qui, trop souvent, considère l’Afrique comme un terrain de jeu où elle impose ses volontés.
L'attitude de Paris, notamment sa persistance à vouloir dicter des choix politiques et sécuritaires aux pays africains sans prendre en compte leurs besoins et leurs réalités, a largement contribué à la rupture avec le Tchad.
Résultat de cette arrogance, la France perd un allié stratégique clé au cœur du Sahel, et avec lui, une partie de son influence en Afrique.