Succes Masra dans sa résidence de N'Djamena le 8 mai 2024, deux jours après l'élection présidentielle. / Photo: AFP

"Je viens de présenter ma démission et celle du gouvernement de transition, devenu sans objet avec la fin de l'élection présidentielle", et "conformément à la Constitution", écrit M. Masra sur sa page Facebook, dans un message authentifié auprès de l'AFP par ses services.

M. Déby, 40 ans, avait été proclamé Président de transition par une junte de 15 généraux le 20 avril 2021 à la mort de son père Idriss Déby Itno, chef de l'Etat depuis plus de 30 ans. Il a été proclamé officiellement élu à la présidentielle du 6 mai dernier avec 61% des voix.

M. Masra (18,54%), avait contesté ce résultat, s'estimant lui-même élu dans ce scrutin qualifié par son parti de "mascarade" et par des ONG internationales de "non crédibles".

Il avait introduit un recours en annulation du scrutin, rejeté par le Conseil constitutionnel le 16 mai.

Combat "pacifique"

L'économiste, âgé aussi de 40 ans, était un ancien farouche opposant aux Déby père puis fils avant de rallier la junte et d'être nommé Premier ministre par Mahamat Déby quatre mois avant la présidentielle. Il avait été accusé par le reste de l'opposition et une frange importante de la société civile opposée à la junte d'avoir été candidat à l'élection avec l'accord tacite du général Déby pour "donner un vernis démocratique" à un "scrutin joué d'avance". Et pour perpétuer le tandem au pouvoir.

Mais, au fil de la campagne, il avait rassemblé des foules considérables durant, au point de s'enhardir et se dire capable de l'emporter, sinon de pousser M. Déby jusqu'à un second tour.

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Après le rejet de son recours par le Conseil constitutionnel et la proclamation des résultats officiels, M. Masra avait joué l'apaisement en admettant qu'il n'y avait "plus aucun recours juridique au plan national" et appelé ses partisans à poursuivre "pacifiquement" le "combat politique".

Si les partisans de Masra protestaient dans la rue, cela pourrait ouvrir la voie à des violences meurtrières, les manifestations de l'opposition étant systématiquement réprimées --parfois dans le sang-- dans ce pays marqué, depuis son indépendance de la France en 1960, par les coups d'Etat, les régimes autoritaires et les assauts réguliers d'une multitude de rébellions.

Scrutin pas "crédible"

Mahamat Déby avait été adoubé dès son installation par l'armée en 2021 par une communauté internationale -- France en tête -- prompte à condamner les putschistes ailleurs en Afrique. Le 17 mai, le président français Emmanuel Macron l'a "félicité" pour son élection.

Paris compte encore un millier de militaires au Tchad, considéré comme un pilier de la lutte anti-jihadiste au Sahel, après que les soldats français ont été expulsés du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Au diapason de l'opposition, des ONG internationales s'étaient inquiétées avant le scrutin, à l'image de la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH), d'une élection "ni crédible, ni libre, ni démocratique", "dans un contexte délétère marqué par (...) la multiplication des violations des droits humains".

La junte a fait réprimer violemment toute opposition et avait écarté du scrutin les rivaux les plus dangereux du général Déby. Deux mois avant l'élection, Yaya Dillo, son cousin et plus farouche rival pour la présidentielle, avait été tué par des militaires dans l'assaut du siège de son parti. "Assassiné" d'une "balle à bout portant dans la tête", selon son parti. Les ONG internationales réclament, en vain jusqu'à présent, une enquête indépendante sur sa mort.

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AFP