La "tentative de déstabilisation" déjouée au Tchad, dans la nuit de mercredi à jeudi, a fait 19 morts, à savoir 18 assaillants et une victime parmi les forces de défense et de sécurité, a annoncé le ministre tchadien des Affaires étrangères, porte-parole du Gouvernement, Abderaman Koulamallah, relayé par la presse locale.
Abderaman Koulamallah a précisé que ''le commando, lourdement armé, comptait 24 membres'', notant que ''18 ont trouvé la mort et 6 autres blessés" avant de déplorer un mort et six blessés, dont un grièvement, du côté des forces de défense et de sécurité.
Koulamallah, a déclaré qu'il était présent au palais et a assuré aux citoyens qu'il n'y avait aucune raison de s'alarmer, tandis que le ministre des infrastructures a déclaré qu'il ne fallait "pas céder à la panique".
Il a ajouté dans un message vidéo sur Facebook que le "calme" avait été rétabli après une "tentative de déstabilisation" qui a été rapidement "neutralisée".
Des chars militaires et un important dispositif de sécurité ont été aperçus dans les rues de N'Djamena à la suite d'une fusillade nourrie près du Palais présidentiel.
Routes bloquées
L'AFP, citant une source sécuritaire, a rapporté mercredi que des hommes armés avaient attaqué l'intérieur du complexe présidentiel.
Les autorités n'ont toutefois pas fait de commentaire dans l'immédiat. L'AFP a également indiqué que toutes les routes menant à la présidence avaient été bloquées par des agents de sécurité, tandis que des policiers armés montaient la garde. Cette fusillade survient moins de deux semaines après les élections législatives, locales et régionales qui se sont déroulées le 29 décembre dans ce pays du Sahel.
Les élections, qui ont enregistré un faible taux de participation, ont été boycottées par l'opposition, qui les a qualifiées de « mascarade » visant à consolider le régime en place.
Environ huit millions d'électeurs étaient inscrits pour élire 188 législateurs pour une nouvelle Assemblée nationale, ainsi que des représentants aux niveaux provincial et municipal. Le Tchad, pays exportateur de pétrole de 18 millions d'habitants, a tenu son élection présidentielle le 6 mai 2024 et le général Mahamat Deby, qui assurait la présidence de transition du pays depuis la mort de son père Idriss Deby en avril 2021, a été déclaré vainqueur.
La fusillade de mercredi à N'Djamena s'est produite quelques heures après que le président Mahamat Deby, 40 ans, a rencontré le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Li, qui effectue une tournée en Afrique.
Relations tendues avec la France
Le Tchad fait partie des pays africains qui ont récemment entretenu des relations tendues avec l'ancienne puissance coloniale, la France.
Le 6 janvier, le Tchad a rappelé à l'ordre le président français Emmanuel Macron pour les remarques qu'il avait faites sur l'Afrique plus tôt dans la journée.
Le président Macron, dont le pays fait face à une répression croissante en Afrique, a déclaré que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci » à la France pour avoir « aidé à lutter contre les insurrections militantes dans la région du Sahel ». Macron a fait ces remarques aux ambassadeurs français lors de la conférence annuelle du pays sur la politique étrangère à Paris.
Attitude méprisante
Les nations africaines, cependant, affirment que les troupes françaises n'ont pas aidé à lutter contre les insurrections militantes et qu'elles ont plutôt eu recours à la protection des intérêts français, y compris des entreprises opérant sur le continent. Le ministre tchadien des affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, qui est également le porte-parole du gouvernement, a indiqué que Macron faisait preuve d'arrogance.
Koulamallah a signalé dans un communiqué lu à la télévision d'État : « Le gouvernement du Tchad exprime sa profonde préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui traduisent une attitude méprisante à l'égard de l'Afrique et des Africains. »
Le haut diplomate tchadien a par ailleurs ajouté qu'il n'avait « aucun problème » avec la France, mais que les dirigeants français « devaient apprendre à respecter les Africains. »
Les troupes françaises renvoyés de plusieurs pays africains
Fin novembre 2024, le Tchad, qui accueillait les dernières bases militaires françaises dans la région du Sahel, a mis fin aux accords de sécurité avec Paris, les qualifiant d'« obsolètes ».
Environ 1 000 soldats français étaient stationnés au Tchad. Leur retrait de la nation africaine est en cours.
Le Burkina Faso, le Niger et le Mali sont les autres pays qui ont chassé les soldats français de leur territoire, tandis que le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont lancé un ultimatum pour le départ des troupes étrangères.
Les soldats français ne subsistent qu'à Djibouti et au Gabon, où le contingent total est inférieur à 2 000 militaires.