L'histoire du Tchad est jalonnée de coups d'Etat et d'attaques rebelles / Photo: Reuters

"La situation est totalement maîtrisée. (...) Toute cette tentative de déstabilisation a été éradiquée", a déclaré Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement tchadien et ministre des Affaires étrangères, dans une vidéo publiée dans la soirée sur Facebook.

Sur les "24 personnes" que comptait le commando, "il y a eu 18 morts et 6 blessés", "et nous déplorons un mort, trois blessés" parmi les gardes du palais, a-t-il ensuite précisé à l'AFP.

Interrogé ensuite sur la télévision nationale, le ministre a estimé que l'attaque n'était "probablement pas terroriste", alors que des rumeurs insistantes évoquaient une possible attaque des terroristes de Boko Haram, et qu'elle avait été menée par un "ramassis de pieds nickelés" drogués et alcoolisés venus en civil d'un quartier pauvre du sud de la ville avec "des armes, des coupe-coupes (machettes, ndlr) et des couteaux".

Débarqués d'un camion-remorque devant le palais présidentiel, "ils ont poignardé les quatre gardes présents". Parmi les blessés, deux sont dans un état grave, a indiqué le ministre.

Les assaillants ont ensuite pénétré dans la présidence, puis un autre garde a tiré pour donner l'alerte et "ils ont été très facilement maîtrisés", a ajouté Koulamallah. Selon lui, ils disposaient de petites bouteilles "remplies d'alcool" de type whisky, et les six survivants sont "complètement drogués".

Alors que certaines sources sécuritaires ont évoqué, dans un premier temps, un commando lourdement armé, Koulamallah a souligné que les assaillants n'avaient en fait "aucune arme de guerre".

Au final, c'est une attaque "complètement désespérée", "assez incompréhensible" et sans motif "sérieux", a-t-il déclaré, en soulignant, pour rassurer la population dans ce pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat et d'attaques rebelles, qu'«aucune menace ne pèse actuellement sur le pays» et ses institutions.

Le chef de l'Etat, Mahamat Idriss Déby Itno, se trouvait au palais présidentiel au moment de l'attaque, a indiqué à l'AFP M. Koulamallah, sans plus de précisions.

Opération anti-terroriste

L'attaque a eu lieu quelques heures après la visite à N'Djamena du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui a eu plusieurs entretiens avec des dirigeants tchadiens, dont un au palais présidentiel avec Déby.

Des tirs nourris ont été entendus pendant près d'une heure dans les quartiers proches de la présidence, avant de cesser vers 20H50 (19H50 GMT), ont constaté des journalistes de l'AFP.

Toutes les voies menant à la présidence ont été rapidement fermées à la circulation. Des chars ont été déployés dans les rues, dont l'un devant le commissariat central, et des policiers en armes postés aux angles des rues. Dans ces quartiers du centre de la capitale, les gens, visiblement inquiets, se sont empressés de reprendre leur voiture ou leur moto pour rentrer chez eux.

Le Tchad, pays enclavé du Sahel, a annoncé par surprise, fin novembre dernier, qu'il mettait fin à l'accord militaire entre Paris et N'Djamena, actant la fin de soixante ans de coopération militaire depuis la fin de la colonisation française.

En mai dernier, se sont achevées à N'Djamena trois années de transition, avec l'élection de Mahamat Idriss Déby, porté au pouvoir par des militaires après la mort de son père Idriss Déby, tué par des rebelles au front, en 2021.

Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l'appui de l'armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019.

Les forces tchadiennes sont régulièrement attaquées par les terroristes de Boko Haram, notamment dans la région du Lac Tchad (ouest). Fin octobre, un assaut de Boko Haram contre une base militaire a fait quinze morts parmi les officiers, selon les autorités tchadiennes.

En riposte, le président Déby a "personnellement" lancé une opération baptisée "Haskanite", qu'il a dirigée depuis la province du lac Tchad pendant deux semaines début novembre.

TRT Afrika et agences