Des coups de feu et des bombes ont été entendus samedi près du quartier général de l'armée et du palais présidentiel à Khartoum, la capitale soudanaise, lors d'affrontements entre les forces armées soudanaises et les groupes paramilitairesde soutien rapide (RSF).
Ces affrontements, ayant fait trois trois morts, tous des civils selon des médecins, ont éclaté sur fond de rivalité depuis des semaines entre les deux généraux à l'origine du putsch de 2021.
Les Forces de soutien rapide (FSR), puissant groupe paramilitaire dirigé par le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", affirment avoir pris le contrôle samedi de l'aéroport international et du palais présidentiel à Khartoum, secouée depuis le matin par des tirs et explosions.
Les FSR appellent désormais l'ensemble de la population, comme les soldats eux-mêmes, à la sédition contre l'armée.
En face, l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat du 25 octobre 2021, dénonce des "mensonges" et la "trahison" de cette force qui a récemment déployé blindés et hommes à travers le pays sans la consulter.
De violents combats
Des coups de feu et des bombes ont été entendus près du quartier général de l'armée et du palais présidentiel, selon un journaliste d'Anadolu à Khartoum. Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat.
Les Forces de soutien rapide (FSR) ont déclaré dans un communiqué que leurs forces se trouvaient dans la banlieue de Soba, tandis que des sources de l'armée ont déclaré que les forces paramilitaires tentaient de s'emparer du quartier général de l'armée.
Tous les ponts de Khartoum et l'aéroport de Khartoum étaient fermés en début d’après-midi, selon des témoins oculaires, et les affrontements se poursuivaient autour de l'aéroport.
Anadolu rapporte que l'armée soudanaise, par ailleurs, attaqué le camp d'un paramilitaire du FPR dirigé par le vice-président dans la ville de Marwa, près de Khartoum.
Le chef de l'organisation paramilitaire soudanaise RSF Hemedti accuse l'armée d'être à l'origine d'un complot fomenté par les loyalistes du président islamiste évincé Bashi
Vive inquiétude
Les partis politiques et la société civile soudanaise ont demandé à la Communauté internationale d'aider à "arrêter l'effusion de de sang" dans le pays.
Le chef de la mission des Nations unies au Soudan a appelé samedi à l'arrêt "immédiat" des affrontements entre l'armée régulière et les paramilitaires.
Volker Perthes, chef de l'UNITAMS, "condamne fermement l'éruption des combats au Soudan", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Samedi, la Turquie a exprimé son inquiétude face aux affrontements armés entre l'armée et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) au Soudan.
"Nous invitons tous les segments du Soudan à rester attachés aux réalisations du processus de transition, au calme et au dialogue. Une solution durable aux problèmes du Soudan ne peut être trouvée que par la conciliation nationale", a déclaré un communiqué du ministère des affaires étrangères.
"La Turquie continuera à soutenir le Soudan, pays ami et frère, et son peuple, comme elle l'a toujours fait", ajoute le communiqué.
Le Soudan vit une crise politique. Le pays n'a plus de gouvernement opérationnel depuis octobre 2021, date à laquelle les militaires ont démis le gouvernement de transition du premier ministre Abdalla Hamdok et déclaré l'état d'urgence, une décision dénoncée par les forces politiques comme un "coup d'État militaire".