Des combats acharnés entre les forces de deux généraux rivaux ont secoué la capitale soudanaise, Khartoum, alors que les maladies et la malnutrition menacent le nombre de personnes déplacées qui ne cesse d'augmenter.
Dimanche, un habitant de Khartoum a déclaré avoir été réveillé par "de violents combats au cours desquels beaucoup d'armes ont été utilisées". Un autre a déclaré avoir été réveillé par le bruit d'avions de guerre.
Depuis la mi-avril, les combats entre les forces loyales au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan et les forces de soutien rapide (RSF) ont fait près de 3 000 morts.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations, 2,2 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur maison à l'intérieur du pays, tandis que près de 645 000 ont traversé les frontières pour se mettre à l'abri des combats.
Des civils pris pour cible
Outre la capitale, les combats les plus violents ont eu lieu dans la région ouest du Darfour, où des habitants, ainsi que les Nations unies, les États-Unis et d'autres, affirment que des civils ont été pris pour cible et tués en raison de leur appartenance ethnique par les forces de sécurité soudanaises.
On pense que le nombre de personnes tuées est beaucoup plus élevé que ce qui a été enregistré, car l'Organisation mondiale de la santé indique qu'environ deux tiers des établissements de santé sont "hors service" dans les zones touchées par le combat.
De nombreux blessés ne parviennent pas à se rendre à l'hôpital et les corps se décomposent dans les rues de Khartoum et de Darfour.
Selon les Nations Unies, 25 millions de personnes au Soudan ont besoin d'aide humanitaire et de protection.
"Des centaines de milliers de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, vivent dans ces camps qui s'étendent du sud de Khartoum jusqu'à la frontière avec le Sud-Soudan", a déclaré MSF.
"Des cas de rougeole sont suspectés. La malnutrition chez les enfants est devenue une urgence sanitaire vitale. Du 6 au 7 juin, nous avons traité 223 enfants suspectés d'avoir la rougeole, 72 ont été hospitalisés et 13 sont décédés", a déclaré MSF.
Des dégâts majeurs
La guerre a détruit les infrastructures déjà précaires du pays, laissant les habitants à court d'eau et d'électricité dans une chaleur étouffante.
De nombreux cessez-le-feu, dont certains négociés par les États-Unis et l'Arabie saoudite, n'ont pas tenu.
Les combats se sont poursuivis pendant la fête de l'Aïd al-Adha qui vient de s'achever et pour laquelle les belligérants ont annoncé des trêves distinctes et unilatérales.
Un fonctionnaire des Nations unies a alerté sur la possibilité de "crimes contre l'humanité" dans le cadre des combats qui se déroulent actuellement au Darfour.
Des dizaines de femmes ont été victimes d'abus sexuels au Darfour et ailleurs, selon une unité gouvernementale chargée de surveiller ce type d'infractions.
Début juin, le gouverneur du Darfour et ex-chef rebelle Mini Minawi, aujourd'hui proche de l'armée, a déclaré que le Darfour était une "zone sinistrée".
Les organisations humanitaires réitèrent leurs appels aux factions belligérantes pour qu'elles ouvrent des couloirs sécurisés leur permettant d'atteindre les blessés et les personnes déplacées par les combats.