Par Kudra Maliro
"Le Rwanda respecte la décision de la Chambre d'appel du Mécanisme de suspendre indéfiniment le procès de Félicien Kabuga, mais cette évolution est sans aucun doute décevante pour les victimes et les survivants du génocide contre les Tutsis" a déclaré à TRT Afrika, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais.
Félicien Kabuga, financier présumé responsable du génocide au Rwanda en 1994, aujourd'hui octogénaire, devrait être libéré d'urgence après qu'un tribunal onusien l'ait déclaré lundi, inapte à être jugé à La Haye.
Pour leur part, les survivants du génocide de 1994 affirment que cette décision est "une insulte délibérée aux blessures profondes dont souffrent les survivants du génocide".
"S'aligner sur un tribunal qui protège en permanence les auteurs du génocide au détriment de la justice pour les survivants, n'est pas juste", a réagi Naphtali Ahishakiye, le secrétaire exécutif de l'association Ibuka.
M. Ahishakiye estime que continuer à coopération avec ce tribunal est intenable. "Elle ne sert à rien", a -t-il affirmé.
L'accusé est un ancien homme d'affaires, âgé de 88 ans selon les autorités, mais il prétend en avoir 90. Il est accusé d'avoir fondé et financé une station de radio (la Radio Mille Collines ) qui avait appelé à la haine, galvanisant les tueurs qui avaient massacré quelque 800.000 personnes en 1994.
Kabuga souffrait de "démence sévère", selon les juges ont qui l'ont déclaré "inapte" à être jugé. Ils ont suggéré que l'accusé devait, malgré son état de santé, être jugé via une procédure simplifiée.
Les juges de la cour d'appel ont "décidé de renvoyer l'affaire à la chambre de première instance en lui demandant de décréter une suspension indéfinie de la procédure en raison de l'inaptitude de M. Kabuga à être jugé".
"Kabuga reste accusé et il continuera de l'être sous la juridiction du Mécanisme", a ajouté Mme Makolo.
Arrêté à Paris en 2020, après deux décennies de cavale, l'ancien homme d'affaires, qui se déplace en fauteuil roulant, a été traduit en septembre dernier devant un tribunal spécial chargé des crimes de guerre et a plaidé non coupable. La procédure a été suspendue en mars.
Le génocide au Rwanda a fait plus de 800.000 morts, selon l'ONU, essentiellement des Tutsis exterminés entre avril et juillet 1994.