Les membres d'une secte implantée à Goma mêlant rites chrétiens et animistes, et dont le nom est "Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations" avaient appelé à manifester mercredi contre la Monusco, la mission de l'ONU en RDC, pour les forcer à quitter le pays.
Rencontrés dans leur temple par l'AFP mardi, les cadres de la secte avaient indiqué avoir identifié les domiciles du personnel de la Monusco et avaient déclaré être prêts à piller leurs habitations.
Avant que la manifestation, interdite quelques jours plus tôt par la mairie de Goma, ne débute, vers 04H00 (02H00 GMT), "les FARDC (armée congolaise) nous ont attaqués au local de notre radio et à notre temple et ils ont tué six personnes", a dit à l'AFP Moleka Maregane, "chargé de sécurité" de la secte.
Il a ajouté qu'au cours de cet assaut lancé par l'armée, leur leader "Mutumishi" (signifiant pasteur en swahili) Efraimu Bisimwa a été arrêté.
Peu après 12H00 (10H00 GMT), le gouvernorat du Nord-Kivu a déclaré dans un communiqué qu'un "groupe de bandits armés, drogués et manipulés(...) ont prémédité et semé le chaos dans notre ville", revendiquant le départ de la Monusco, de la force régionale de la Communauté des États d'Afrique de l'Est "ainsi que de tous les occidentaux y compris leurs ONG."
Le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur militaire, a indiqué que "dans les rangs des adeptes", 158 personnes avaient été arrêtées.
Dans les vidéos et les photos de l'arrestation, des mineurs, torses nus, sont visibles au milieu de femmes et d'hommes, assis par terre et gardés par des militaires.
Inefficacité face aux groupes armés
Interrogé par l'AFP plus tôt dans la matinée, le maire par intérim de Goma, le colonel Faustin Napenda Kapend, a confirmé qu'un policier a été lynché par les membres de la secte. Présent sur place, il a également confirmé l'incendie de leur temple par les forces de sécurité.
Par ailleurs, des sources hospitalières ont indiqué avoir admis dans la matinée 33 personnes blessées dans ces violences, dont trois sont décédées.
Ces évènements violents s'inscrivent dans une série d'attaques et de manifestations contre la mission de l'ONU en RDC, accusée d'inefficacité dans la lutte contre les groupes armés.
En juillet 2022, dans plusieurs villes des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, des manifestants avaient pris d'assaut les installations de la Monusco. Selon les autorités, 36 personnes, dont quatre Casques bleus, avaient été tuées.