Par Kudra Maliro et Hamisi Iddi Hamisi
Envoyés spéciaux de TRT Afrika à Kinshasa
Délice Kawaya est stagiaire dans un service public de Beni, cette ville de l'Est du pays, secouée depuis bientôt trois décennies par des conflits armés notamment les attaques terroristes perpétrées par les Forces Démocratiques et Alliées (ADF).
Âgée de 23 ans, elle souhaite la continuité avec le président sortant Félix Tshisekedi. Elle estime que son candidat a besoin d’un second mandat pour poursuivre la réforme de l'armée pour mieux faire face aux groupes armés dans l’est, y ramener la stabilité et maintenir la sécurité et l’intégrité du territoire national. Elle souhaite aussi voir la dynamique actuelle de création d’emplois continuer.
"Il y avait une période pendant laquelle des personnes vivant dans les périphéries de la ville se déplacer vers des familles d'accueil. C'était compliqué. Certaines filles quittaient leurs domiciles pour trouver refuge chez des hommes, qui parfois, abusaient d'elles sexuellement", se souvient-elle.
Changer la donne
Ce scrutin est une opportunité de changer la donne, affirme Natalie Maliva. Diplômée en médecine et militante au sein du mouvement citoyen "Lutte pour le Changement"(LUCHA), elle demande à ses pairs d'opérer un choix judicieux car, dit-elle, leur avenir en dépend.
"Si nous votons pour les bonnes personnes nos conditions de vie vont s'améliorer. Par contre, si nous votons pour les mauvaises le changement sera plutôt négatif", renchérit-elle, souriante.
D’autres suggèrent que voter pour les bonnes personnes permettrait aux citoyens de bénéficier des richesses du pays.
"En RDC, nous sommes capables de tout faire. Construire notre industrie, nos routes, des hôpitaux…mais tout cela n’est possible que dans de bonnes conditions sécuritaires", ajoute Mme Maliva.
Alice a point de vue différent. Diplômée en agroalimentaire mais qui a opté pour la mode, elle pense que le 20 décembre est une date comme les autres et affirme qu’elle ne souhaite pas voter
La raison, ses multiples occupations et le manque d'intérêt pour cet exercice démocratique qui semble, selon elle, "ne pas apporter grand-chose à la population".
Désistement de candidates
Une autre facette de ce scrutin, c’est le manque des moyens nécessaires pour faciliter l'élection des femmes.
À seulement cinq jours du scrutin, Neema Kamabu, candidate aux législatives nationales n'a pas encore menée la moindre campagne électorale. Zéro meeting, aucune rencontre avec les électeurs. Elle confie que son mouvement politique n'a pas toujours pas mis les moyens nécessaires à sa disposition. Inquiète, elle ne sait pas à quel saint se vouer.
"Si j'avais les coordonnées téléphoniques de notre autorité morale, j'allais l'interpeller sur le risque de perdre ces élections, car n'ayant pas battu campagne". Neema a déjà imprimé quelques affiches sur fonds propres. Face au manque de moyens de transport et l'insécurité grandissante, elle n'a pas su rejoindre sa circonscription électorale.
"Je vais maintenant me focaliser sur 2028, car maintenant il n'y a plus moyen. Au départ notre parti politique nous avait promis les moyens nécessaires pour battre campagne. Hélas ! Je comprends que c'était juste une façon de gonfler sa liste de candidats", lance-t-elle, désespérée.
Faut-il, dans ce cas, désister ou poursuivre la lutte ? La plupart des femmes candidates ont choisi d'abandonner ou de s'allier aux hommes ayant plus de moyens.
Ce sentiment de désistement a également gagné des candidats à la magistrature suprême. Tard dans la soirée du vendredi, Joëlle Bilé, candidate à la présidentielle du 20 décembre a annoncé son ralliement au sortant Félix Antoine Tshisekedi.
"C'est donc non sans raisons que je me désiste et jette mon dévolu sur le Président sortant et candidat à sa propre succession. Ce choix se justifie par ma volonté de consolider les acquis, et de privilégier la défense de notre pays, en préservant de notre souveraineté nationale", a-t-elle annoncé sur compte X.