Le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, est mort des suites de blessures par balle subies sur la ligne de front lors d'une offensive des rebelles du M23.
Les rebelles avancent sur deux fronts près de la capitale provinciale Goma, dans l'est turbulent du pays, où des dizaines de milliers de personnes fuient et où les Nations unies mettent en garde contre le risque de voir les violences déboucher sur une guerre régionale plus vaste.
Le général de division Peter Cirimwami Nkuba, qui dirigeait la province depuis 2023, est décédé jeudi, rapportent Reuters et l'agence de presse AP, citant un rapport de l'ONU et des responsables gouvernementaux.
Le rapport interne de l'ONU consulté par Reuters indique qu'il a été blessé alors qu'il supervisait des troupes à 20 km de Goma.
Evacuation aérienne
« Il est rapporté qu'il est décédé ce matin alors qu'il était transporté par avion de Goma pour un traitement plus approfondi », ajoute le rapport.
Les combats se sont intensifiés dans l'est du Congo, riche en minerais, depuis le début de l'année, le groupe M23 ayant pris le contrôle de plus de territoires que jamais auparavant.
Des civils fuient le camp de déplacés de Nzulo vers Goma, alors que les combats s'intensifient entre les rebelles du M23 et les soldats du gouvernement.
Vendredi, les rebelles de l'Alliance du fleuve Congo (AFC), dont fait partie le M23, ont déclaré qu'ils prévoyaient de prendre Goma, la capitale de la province, où vivent plus d'un million de personnes.
Le Congo et les Nations unies accusent le Rwanda voisin d'alimenter l'insurrection qui dure depuis trois ans avec ses propres troupes et armes. Le Rwanda dément.
Le M23 tire son nom d'un accord conclu le 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et les anciens rebelles. Les rebelles ont déclaré que le gouvernement avait violé l'accord. Ils affirment défendre les intérêts des Tutsis contre les milices hutues dont les chefs ont participé au génocide rwandais de 1994.
400 000 personnes déplacées
Le nombre de personnes déplacées par les combats cette année a doublé pour atteindre 400 000 depuis la semaine dernière, a annoncé le HCR, avertissant que les hôpitaux étaient proches de leur capacité d'accueil.
« Cette offensive a eu un effet dévastateur sur la population civile et a augmenté le risque d'une guerre régionale plus large », a indiqué jeudi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.
Après s'être emparés de la ville de Minova mardi, les rebelles sont entrés dans la ville de Sake, à environ 20 km à l'ouest de Goma. Ils ont également attaqué le long de la route principale du nord de la ville, coupant ainsi les principales voies d'approvisionnement.
Jeudi, le gouvernement congolais a signalé que l'armée avait repoussé l'avancée sur Sake et protégeait Goma.
Menace sur Goma
Cependant, la déclaration de l'ONU condamne « la récente prise de Sake, qui accroît la menace qui pèse sur la ville de Goma ». La situation à Sake n'était pas claire vendredi.
Des sources locales et un représentant d'une organisation caritative internationale, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, ont affirmé que les combats se poursuivaient dans la région.
Les bombardements intensifs ont forcé les familles d'au moins neuf camps de tentes situés à la périphérie de Goma à fuir vers la ville, selon le HCR.
« De nombreuses personnes ont passé la nuit dernière à dormir dans les rues et dans les espaces verts de la ville », a ajouté le porte-parole Matthew Saltmarsh à Genève.
Le M23 a brièvement réussi à s'emparer de Goma lors d'une précédente rébellion en 2012, ce qui a incité les donateurs internationaux à réduire l'aide au Rwanda.
Même à l'époque, les rebelles ne tenaient pas autant de terrain qu'aujourd'hui.
Le ministère congolais des affaires étrangères dit avoir demandé une session publique urgente du Conseil de sécurité des Nations unies.
« Le gouvernement congolais souligne que cette crise est avant tout le résultat de l'inaction du Conseil, malgré l'internationalisation du conflit et les preuves évidentes de la présence rwandaise sur le sol congolais », a-t-il écrit sur X.