Vue générale du trafic intense à l'heure de pointe à Kinshasa, le juillet/AFP

Tous les matins, Viviane Yuka, vendeuse de brosses et balais, affronte les aléas de la route pour arriver à "Zando", le grand marché de Kinshasa, dont les travaux de réhabilitation en cours depuis 2019 ont ajouté à la pagaille.

"Nous souffrons beaucoup pour avoir un transport, nous faisons souvent de longues distances à pied", explique la mère de famille.

Viviane quitte sa maison à 05H00 du matin, mais elle est toujours confrontée aux "bouchons sur la route où se disputent motos-taxis, piétons, sans parler de l'étouffement à l'intérieur du bus", ajoute-t-elle avant d'attraper un de ces véhicules jaunes surnommés "esprit de mort".

Selon la fluidité du trafic, le prix du trajet peut passer du simple au double: de 4.000 à 8.000 francs congolais (1,5 à 3 dollars environ), explique Viviane, en se plaignant de ces tarifs variables.

Kinshasa, mégalopole de 24 communes et quelque 17 millions d'habitants, n'a pas encore de vrai service de transport en commun et près de 90% des véhicules de transport de passagers sont tenus par des privés.

Il faut "que l'État prenne ses responsabilités en déterminant le prix de chaque trajet, comme c'était le cas autrefois", estime Maître Brice, un receveur de bus.

Sur certaines routes, y compris celles présentées comme principales, il n'est pas rare de tomber dans des nids de poule profonds ou des mares stagnantes.

Comme sur le tronçon entre la grande place du rond-point Ngaba et l'Université de Kinshasa (Unikin), dans l'ouest de la ville. Non loin de la place dite "Triangle", la chaussée a disparu sous les eaux d'une rivière sortie de son lit.

La route est tellement dégradée que Léon Kumba Hamba, motard de 31 ans qui l'emprunte chaque jour, en vient à se demander si les autorités se sont jamais risquées à y circuler.

"C'est tellement pénible que je demande aux clients de payer 3.000 voire 5.000 francs la course pour arriver au campus d'Unikin, au lieu de 1.000", explique le jeune homme, chaussures et pantalon mouillés.

Transports en commun et mobilité à Kinshasa, un casse-tête/AFP

"On n'a rien vu"

Pour tenter d'améliorer la situation, plusieurs projets ont été lancés, mais la plupart restent pour l'instant dans les cartons, tandis que la ville continue de s'étendre et sa population d'exploser.

Un téléphérique urbain devrait relier des quartiers denses de la commune de Mont-Ngafula (sud) pour faciliter la mobilité des personnes.

Mais "depuis qu'on a parlé de ce projet, en milieu d'année dernière, on n'a rien vu, rien n'a été fait. On ne sait pas si c'est réel ou pas", souligne Robert Ndaka.

Cela pourrait constituer "une petite solution", mais ce genre de transport par câbles, "c'est dangereux, on ne sait pas comment on pourra utiliser ça. C'est mieux d'utiliser les routes en terre, c'est ce qui est bon pour nous", estime cet ingénieur géologue, en faisant notamment allusion aux fréquentes coupures d'électricité dans la ville.

Le 22 juin, au volant d'une pelleteuse, le président Félix Tshisekedi a lancé dans le quartier Mitendi de Mont-Ngafula les travaux de construction de la "rocade" de Kinshasa. Selon la présidence, il s'agira "d'une route périphérique asphaltée de circulation à grande vitesse, longue de 63 km, de deux voies dans les deux sens".

La durée des travaux est estimée à trois ans, pour un montant de 300 millions de dollars.

"Metrokin", un projet de train urbain, est également en perspective.

L'entreprise française Alstom a confirmé à l'AFP avoir signé un protocole d'accord avec l'État congolais. Le projet devra commencer par la réfection d'un tronçon de 25 km de voie ferrée allant de la gare centrale (dans le nord de Kinshasa) à l'aéroport international de Ndjili (à la périphérie est).

En attendant, chaque matin avant 06H00, un train antédiluvien est pris d'assaut au niveau du Pont Matete, au centre-est de la ville, par des milliers de passagers désespérés de pouvoir rejoindre la gare centrale.

AFP