Par Kudra Maliro
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et la communauté humanitaire lancent mardi un appel à la mobilisation de 2,6 milliards de dollars pour financer le plan de réponse humanitaire 2024 dans le pays.
"La crise humanitaire en République démocratique du Congo a atteint de nouveaux sommets cette année, du fait de l’aggravation de certains conflits, de l’émergence de nouveaux foyers de tension, et d’événements climatiques ayant entrainé des désastres. Derrière toutes ces situations, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui font face à de très hauts niveaux de vulnérabilité", a déclaré Bruno Lemarquis, Représentant spécial adjoint en République démocratique du Congo, Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires.
M. Lemarquis affirme que ces "fonds serviront à fournir une assistance vitale et des services de protection à 8,7 millions de personnes dont la survie dépend largement de l’aide d’urgence".
Depuis plus d’un an, la crise humanitaire en République démocratique du Congo a pris des proportions alarmantes.
"Cela entraine énormément de souffrances, de drames humains, de vies gâchées. Beaucoup de provisoire qui dure trop longtemps. Les gens veulent rentrer chez eux et retrouver une vie normale" ajoute Bruno Lemarquis.
De nouvelles flambées de violence, notamment à l’Est du pays, obligent les populations affectées à des déplacements répétés.
Depuis plusieurs jours, les combats entre le M23 ("Mouvement du 23 mars"), et les forces gouvernementales congolaises se sont intensifiés au niveau de Sake, localité située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la capitale provinciale, Goma.
Le M23 est une rébellion majoritairement tutsie qui a repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil et s'est emparée depuis de vastes pans du Nord-Kivu.
La République démocratique du Congo accuse le Rwanda et ses "supplétifs" du M23 de vouloir faire main basse sur les minerais de l'Est congolais.
Kigali a constamment rejeté ses allégations. Le M23 affirme pour sa part défendre une frange menacée de la population et réclame des négociations, que Kinshasa refuse, excluant de discuter avec des "terroristes".
La RDC compte actuellement 6.7 millions de personnes déplacées internes, dans un contexte où le pays fait face par ailleurs à de graves inondations et à une recrudescence d’épidémies de rougeole et de choléra, qui ont exacerbé la vulnérabilité des populations meurtries par plus de trois décennies de conflits armés.
"La situation est vraiment dramatique. Il faudrait que la communauté internationale tourne un regard vers la République Démocratique du Congo. Avec son potentiel unique au monde sur plan environnemental, sur le plan minier et sur le plan touristique, le Congo peut beaucoup apporter au monde. Il faudrait qu’il retrouve la paix", a déclaré Modeste Mutinga Mutushayi, Ministre des Affaires sociales, des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale.
En 2023, l'appel de fonds n'a été financé qu'à 40%. Cela a permis d'assister plus de 5 millions de personnes mais de très nombreux besoins restent non couverts.
"Plus d’un million d’enfants ne vont plus à l’école du fait des conflits armés et c’est triste", conclut le ministre Mutushayi.