La volonté de l’homme d’affaires français, Vincent Bolloré, de contrôler l’audiovisuel payant en Afrique se précise. Depuis le début de l'année 2024, le groupe français Canal +, appartenant au multi-milliardaire français est en négociation avancée pour acquérir l’opérateur audiovisuel sud-africain Multichoice.
Canal+ est leader de l’audiovisuel sur le marché d’Afrique d’expression française, avec près de 7,5 millions d’abonnés, soit 15% du marché. Multichoice est numéro un sur les marchés d’expression anglaise et portugaise avec 15 millions d'abonnés, pour 50% de part de marché.
Si l’opération est conclue, elle permettrait à Vivendi, dont la famille Bolloré est l’actionnaire majoritaire, un quasi monopole sur l’offre de télévision payante en Afrique subsaharienne avec 65 % de parts de marché. Le groupe français engrangerait alors au moins 28 millions d'abonnés, avançant ainsi vers son objectif de 50 millions de souscripteurs pour jouer à armes égales avec des géants comme Netflix ou encore Prime Video.
Inquiétudes
Au-delà des chiffres, c'est l’image du groupe Vivendi et de sa constellation de médias qui interroge. Que cherche Bolloré en voulant une OPA sur l’audiovisuel payant africain? Fera-t-il la promotion de ses idées ou des personnalités d'extrême droite?
Des chaînes de télévision du groupe Vivendi comme C8 ou Cnews sont régulièrement accusées de porter la voix de l'extrême droite, de promouvoir le racisme et l’islamophobie. L’Arcom, le gendarme des médias en France a même refusé de renouveler la licence de C8 du fait des outrances et manquements de son animateur vedette Cyrille Hanouna.
On note toutefois que sur les chaînes Canal + Afrique, Vivendi privilégie plutôt le ludique, le sport, la musique et les séries télé au détriment de l’information et des débats. Cela ne lui enlève pas pour autant son pouvoir d’influence sur le continent, du fait de sa force de frappe médiatique.
Depuis 2018, Bolloré est sous le coup des poursuites judiciaires en France pour “corruption d’agent public étranger”. Il est soupçonné d’avoir utilisé les services de son agence de communication ERCG (aujourd’hui Havas) pour promouvoir les campagnes électorales de Faure Gnassingbé, le président togolais et Alpha Condé l’ex-président de Guinée, en échange des concessions des ports en eau profonde de Lomé et Conakry, respectivement.
L’affaire de corruption présumée au Togo qui se poursuit devant les tribunaux français illustre comment le pouvoir médiatique de Bolloré en Afrique peut aussi bien servir à contrôler les chefs d’Etats et à faire du business.