"Ce soir, le CDC (le parti de M. Weah) a perdu l'élection mais le Liberia a gagné. C'est le temps de l'élégance dans la défaite", a déclaré M. Weah, ancienne gloire du foot élue en 2017, dans un discours sur la radio publique.
"Les résultats annoncés ce soir, bien que non finaux, indiquent que (M.) Boakai a une avance que nous ne pouvons rattraper. J'ai parlé au président élu Joseph Boakai pour le féliciter pour sa victoire", a dit M. Weah.
Les résultats publiés vendredi par la commission électorale, après des votes dans plus de 99% des bureaux, donnaient 50,89% à M. Boakai, 78 ans, et 49,11% à M. Weah.
M. Boakai bénéficiait d'un peu plus de 28.000 voix d'avance après que quelque 1,6 million de bulletins ont été dépouillés. Environ 2,4 millions de Libériens étaient appelés aux urnes mardi et la participation a dépassé les 65% selon les chiffres publiés sur le site de la commission électorale.
Au -delà du choix de la personne appelée à diriger ce pays d’Afrique de l’ouest en quête de stabilité après les années de guerre civile et d'épidémie d'Ebola, l'un des enjeux de l'élection était le déroulement pacifique et régulier de l'élection et l'acceptation des résultats.
Le scrutin était organisé 20 ans après la fin des guerres civiles au Liberia, qui ont fait plus de 250.000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace dans ce pays.
Des dizaines de partisans de M. Boakai ont célébré sa victoire vendredi, en dansant devant l'un des bureaux de son parti dans le quartier de Fiama à Monrovia, a constaté l'AFP.
La revanche de Baokai
Vainqueur, M. Boakai prendra pour six ans la tête de ce pays anglophone d'environ cinq millions d'habitants.
Il fut de 2006 à 2018 le vice-président d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue cheffe d'Etat en Afrique. Il a occupé une multitude de postes au sein de l'Etat ou du secteur privé.
Il s'est imposé malgré son âge face à un adversaire de 21 ans son cadet (57 ans) resté populaire parmi les jeunes, mais qui devait défendre un bilan critiqué.
M. Boakai prend sa revanche contre celui qui l'avait largement battu au second tour en 2017 avec plus de 61% des voix, mais auquel ses détracteurs reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses de combattre la pauvreté et la corruption.
La compétition s'annonçait cette fois beaucoup plus serrée, et les deux hommes se sont présentés au second tour après être arrivés au coude-à-coude au premier, avec un peu plus de 43% et une avance de 7.126 voix pour M. Weah.
Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia créée en 2003 (et partie en 2018) pour garantir la paix après les guerres civiles.
La campagne électorale a été émaillé de violences. Des incidents ont été rapportés entre les deux tours, faisant craindre des troubles postélectoraux.
De nombreux observateurs étrangers et libériens ont suivi l'élection. Les missions de l'Union européenne et de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest ont salué le déroulement globalement pacifique du second tour.
Washington a félicité la victoire de Joseph Boakai et "l'acceptation pacifique des résultats" du président sortant George Weah, selon un communiqué du porte-parole du département d'Etat américain.
Boakai a promis de développer les infrastructures, d'attirer les investisseurs et les touristes, et d'améliorer les conditions de vie des plus démunis dans le pays.