"Mon soutien, c'est le peuple. Ensuite, ma femme. Et en premier lieu, le Seigneur, qui me guide et me protège", a déclaré le président sortant Andry Rajoelina, candidat à sa propre succession.
Visiblement éreinté après une dernière tournée de campagne au cours du weekend, le candidat de 49 ans, devenu le plus jeune plus chef d'Etat africain il y a une quinzaine d'années.
Élu dès le premier tour avec plus de 40% des suffrages exprimés en 2018, il ne fait pas de pronostic sur les scores et les sondages sont par ailleurs interdits sur la grande île de l'océan Indien.
Mais samedi, des milliers sont venus l'acclamer à Toamasina (Est), poumon économique et plus grand port du pays, lors de son dernier déplacement avant le premier tour de la présidentielle.
La deuxième ville de l'île est accessible en voiture depuis Antananarivo.
Mais avec des routes délabrées "qui font danser", dit-on dans le pays, il faudrait une douzaine d'heures pour parcourir les 360 kilomètres de distance. Pays parmi les plus pauvres de la planète, Madagascar manque cruellement d'infrastructures.
Rajoelina débarque en 30 minutes à bord d'un avion privé. Pas même le temps de regarder si l'opposition, qui dénonce depuis plus d'un mois dans la rue une machination du pouvoir pour assurer un second mandat au président sortant, manifeste.
"L'opposition veut le chaos et emmener la population dans la rue mais elle n'y arrive pas parce que la population me soutient", balaie-t-il d'une main.
Avant d'ajouter: "Madagascar n'a pas besoin d'une nouvelle crise".
"C'est l'Amérique"
A Toamasina, les rues sont bordées de sable et les gens préfèrent souvent marcher pieds nus, leurs sandales à la main. Les odeurs de poisson et de brochettes de viande grillée flottent devant les "épiceries", baraques en bois des vendeurs de rue.
Une grosse sono posée à l'arrière d'un pick-up crache pendant près d'une heure un hymne de campagne aux accents de zouk local.
Une foule venue à pied, à moto ou en tuk-tuk attend le président depuis plusieurs heures. Certaines femmes se sont apprêtées. Des enfants du quartier grimpent sur les poteaux électriques pour tenter d'y voir quelque chose.
"Il y a des gens qui marchent pendant plusieurs heures" pour participer aux meetings, se flatte Andry Rajoelina. "C'est l'amour, la conviction et l'espoir que les gens mettent en moi" qui les font venir, assure-t-il, démentant offrir quoique ce soit en échange de leur participation sinon un t-shirt à son effigie.
Il est néanmoins venu récolter ici les fruits d'un investissement.
A quelques dizaines de mètres de la scène montée sur la plage, s'étale un vaste projet d'aménagement du littoral baptisé "Miami", pesant 9,5 millions de dollars et en phase d'achèvement.
"Il y a un endroit qui s'appelle Miami aux Etats-Unis. Un endroit qui s'appelle la Côte d'Azur en France. Nous avons Toamasina", avait-il fait miroiter à l'annonce du projet pendant sa campagne 2018.
Depuis la semaine dernière, les Malgaches peuvent se promener entre restaurants proprets, terrain de basket, skatepark ou encore jardin planté de palmiers graciles.
Du jamais vu dans le pays où les trois-quarts de la population vivant sous le seuil de pauvreté sont plus préoccupés par ce qu'ils vont mettre dans leur assiette que par une balade le long de la plage.
"C'est Miami ici, c'est l'Amérique", lance à l'AFP un passant rigolard.
Pendant cinq ans, "j'ai tout fait pour rattraper le retard de développement de Madagascar", assure Andry Rajoelina. Considérant les cinq prochaines années acquises, il promet désormais l'électricité à un pays où 30% des foyers sont raccordés.