Le président de la Transition du Niger, Abdourahamane Tiani, a de nouveau accusé la France de vouloir déstabiliser son pays et de soutenir le terrorisme en Afrique de l'ouest.
Tiani s'exprimait à l'occasion d'une interview télévisée, rendue publique à l'occasion de la fête nationale du Niger, le 3 août courant.
"Cette volonté maladive de déstabiliser le Niger s’est propagée à travers le repositionnement de tous les agents de la DGSE [Direction générale de la Sécurité extérieure] française que nous avons chassés de notre territoire. Ils sont repositionnés au Bénin (…) Ils sont repositionnés au Nigeria", a affirmé le président nigérien.
"Cette volonté de déstabilisation est une certitude", a-t-il martelé, tout en faisant savoir que les agents français ont, ensuite, collaboré avec les organisations terroristes de la sous-région.
"Les premiers à sortir ont pris rendez-vous avec des terroristes de Boko Haram et de l’Iswap [la branche de Daesh en Afrique de l'Ouest]. Ça s’est passé les 25 et 26 octobre 2023", a-t-il relaté, confiant.
"Ils ont proposé à ces terroristes de partir en guerre ouverte contre l’Etat nigérien, contre les nouvelles autorités nigériennes qui ont osé demander aux soldats français de quitter leur territoire", a-t-il rappelé.
"Boko Haram et l’Iswap ne se sont pas entendus…", a-t-il poursuivi affirmant que la partie française a livré des armes aux terroristes.
"Ils ont reconduit la même manœuvre dans la nuit du 10 au 11 janvier 2024, où ils ont encore livré à travers deux hélicoptères du matériel militaire aux terroristes de Boko Haram qui semblait plus prêt à accepter les propositions des troupes françaises… Ils ont effacé les numéros pour qu’on ne puisse pas retracer les origines de ces armes", s'est-il indigné.
"Ce sont des actes posés et continuent d’être posés par les Français. Qu’ils sachent que nous les suivons et, au moment opportun, nous agirons", a-t-il averti.
Ni la France, ni le Bénin, ni le Nigeria n'ont réagi à ces accusations.
"Des affabulations"
Toutefois, suite à des accusations semblables, formulées par le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine au mois de mai dernier, sur l'existence de camps d'entrainements français au Bénin, et dont la finalité était de déstabiliser le Niger, le Quai d'Orsay avait rejeté toutes les allégations nigériennes.
En effet, Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, avait affirmé en réponse à une question posée par Anadolu dans la foulée des événements, que, "par principe, il est évidemment faux qu'il puisse y avoir une quelconque formation de terroristes sur nos bases militaires".
Pour sa part, l'État-major des Armées françaises a indiqué qu'il "n’existe pas au Bénin de base militaire française (les seuls militaires permanents sont l’attaché de défense et les coopérants qui sont détachés auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères)."
Le Bénin a également réagi par l'intermédiaire du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wilfried Léandre Houngbédji, qualifiant les accusations nigériennes "d'affabulations".
Wilfried Léandre Houngbédji a indiqué que son "pays n'abrite aucune cellule terroriste sur son sol et, par conséquent, ne forme pas de terroristes pour aller attaquer un autre pays".
Pour rappel, depuis le coup d'Etat du 26 juillet 2023 qui avait mis fin au mandat du président Mohamed Bazoum, les relations entre le Niger et la France n'ont pas cessé de se dégrader, notamment avec l'expulsion de l'ambassadeur français à Niamey, sylvain Itté, et l'arrêt de toute coopération militaire, en l'occurrence, le renvoi de tous les soldats français.