Un peu plus de trois mois pour rapatrier en sécurité 1500 soldats et des équipements militaires mobilisés pendant dix ans. Un défi pour les autorités françaises dans un environnement hostile.
Évacuer en trois mois et en toute sécurité 1500 soldats et des tonnes de matériel militaire mobilisés depuis dix ans au Niger, c’est le défi qui se pose pour l’état-major des armées françaises
La première contrainte est le temps et trois mois semblent insuffisants pour une telle opération.
Le Niger représente "10 ans de vie opérationnelle dans le Sahel, et forcément, ça va prendre un peu de temps, parce que ce n'est pas un déménagement qui se fait comme ça en seulement quelques instants", a déclaré lundi sur LCI le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.
Pour évacuer les 5000 soldats français du Mali, il a fallu six mois. L’opération s’annonce complexe, d’autant plus qu’après le départ forcé des soldats français du Mali et du Burkina Faso en 2022 et 2023 respectivement, le Niger était devenu la base de transit.
Concrètement, il faudra évacuer les soldats qui étaient déployés à Ouallam et à Ayorou dans le nord-ouest, près de la zone dite des trois frontières, l’épicentre des attaques terroristes.
Outre les hommes, il faudra aussi évacuer des tonnes de matériels utilisés pendant au moins dix ans. Dans ce registre, il faut compter, des avions de chasse, des blindés, des camions, drones, hélicoptères, du matériel informatique, etc.
En l’absence du chemin de fer, il faudra forcément utiliser la route, soit 1027 kilomètres entre Niamey et Cotonou, ce qui représente un autre défi sécuritaire, d’autant plus que des terroristes tentent de prendre pied dans le nord du Bénin. Les dernières attaques dans cette partie du Bénin remontent à mai 2023 et avaient fait une vingtaine de morts à Kaobagou et Guimbagou.
Difficile aussi d’envisager le rapatriement des troupes françaises sans opérations aériennes. Depuis samedi dernier, l’espace aérien nigérien est fermé aux avions français ou avions affrétés par la France. Il demeure fermé pour "tous les vols militaires opérationnels et vols spéciaux", sauf autorisation spéciale des autorités. Il sera, par conséquent, nécessaire de composer avec les autorités nigériennes alors qu’à l’aune du climat de défiance réciproque régnant entre Paris et Niamey, rien n’est acquis d’avance.
Lundi dernier, les autorités militaires au pouvoir au Niger ont exigé une démarche officielle de la part de la France pour le rapatriement de son ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté, et un "cadre négocié" pour le retrait de ses troupes déployées dans le pays.