"L'instant crucial est venu de sortir de la boucle temporelle de l'échec, du désespoir, de l'endettement exponentiel et du recyclage des fausses promesses", a déclaré M. Ould Abeid, qui avait obtenu 18,58% des suffrages lors du scrutin de 2019.
La Mauritanie, vaste pays charnière entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne d'environ 4,5 mill ions d'habitants, pôle de stabilité au Sahel face à la propagation jihadiste après avoir connu de nombreux coups d'État de 1978 à 2008, va élire son président le 29 juin.
Le député et farouche pourfendeur du régime, plusieurs fois emprisonné, sera l'un des principaux adversaires du camp du président sortant, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, 67 ans, qui n'a pas encore annoncé sa candidature, même si elle ne fait presque aucun doute pour les observateurs.
"Le moment est venu de redéfinir qui nous sommes, notre rapport au passé, (...) bref de redonner sens à notre vocation de trait d'union entre les deux Afriques", a dit M. Ould Abeid.
Le député, qui parlait devant des centaines de ses soutiens dans une salle de conférence archicomble, a dressé un tableau sombre de la situation dans son pays et promis "de sortir la Mauritanie des handicaps" qui freinent son développement.
Descendant d'anciens esclaves, il a dénoncé "l'hégémonie ethno-tribale", la mauvaise gouvernance, l'impunité des crimes à visée raciste, l'aggravation des dysfonctionnements de la puissance publique et l'accroissement du "périmètre de l'injustice" envers les citoyens d'origine subsaharienne.
M. Ould Abeid, dont la formation politique n'est pas autorisée et n'a pas d'existence légale, a aussi dit son inquiétude sur le bon déroulement du processus électoral.
"Nous avançons, conscients de l'imperfection du fichier électoral, de la partialité et des déficiences de la CENI" (Commission électorale nationale indépendante), a-t-il affirmé.