Au Nombre de neuf, les Vétérans de la Seconde Guerre mondiale, ont été reçu mercredi à leur arrivée par le président sénégalais, Macky Sall.
"Chers anciens combattants, en vous souhaitant la bienvenue, nous célébrons aujourd’hui une injustice réparée, parce que vous pouvez, enfin, vivre chez vous en famille, et continuer de percevoir l’intégralité de vos pensions. Ce n’est que justice", a déclaré M. Sall sur son compte Facebook.
"Nous ne pouvons oublier les pensions inégales, les avancements lents et bloqués, le placement sous les ordres de métropolitains moins gradés, l’impossibilité de commander des troupes non indigènes, les mess séparés, les voyages sur des bateaux différents, entre autres discriminations.Nous ne pouvons oublier l’horreur des exécutions sommaires au Camp de Thiaroye, le 1e décembre 1944", a ajouté le chef de l'Etat sénégalais.
Le président Macky Sall les a élevés au grade d’officier de l’Ordre national du Lion.
Aissata Seck, présidente de l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais, a déclaré à Anadolu que neuf tirailleurs avaient gagné la bataille et qu'ils pouvaient désormais retourner au Sénégal sans perdre leurs droits sociaux.
Mme Seck, qui est également membre de l'assemblée régionale d'Ile-de-France, est la petite fille d'un tirailleur qui a combattu pour la France pendant la guerre d'Indochine, de 1946 à 1954, en Asie du Sud-Est.
Les neuf tirailleurs, âgés de 95 à 96 ans, ont également participé à la guerre d'Algérie de 1954 à 1962, a indiqué Mme Seck. Elle a précisé qu'ils avaient obtenu la nationalité française en 2017 après des années de lutte.
Pendant des années, les anciens soldats ont dû fournir des documents, notamment des actes de naissance qui n'étaient pas délivrés à l'époque au Sénégal. Ils ont finalement gagné la bataille contre les autorités françaises.
Selon Mme Seck, les tirailleurs étaient obligés de passer six mois par an en France pour pouvoir bénéficier de leur pension. Par conséquent, ils ont passé beaucoup de temps dans des conditions déplorables en raison de la réglementation, laissant derrière eux leurs familles et leurs maisons natales.
Selon la présidente de l'association, l'un d'entre eux, qui est resté six mois et quinze jours au Sénégal parce que sa femme était malade, s'est vu supprimer sa pension et la France lui a demandé de rembourser 17 000 euros (18 800 dollars).
Mme Seck note que les films sur les tirailleurs ont contribué à leur lutte. Les tirailleurs sénégalais ont commencé à percevoir leur pension trimestrielle comme le reste des soldats français à partir de 2007, grâce au film Jours de gloire (Indigènes, 2006), puis Père et soldat (Tirailleurs) en 2023, qui a contribué à rehausser leur profil.
Les soldats originaires d'Afrique subsaharienne sous colonie française faisaient partie du bataillon d'infanterie coloniale créé par Napoléon III en 1857.
Outre ces 9 tirailleurs, 28 autres vivent encore en France et pourraient rentrés sous peu au Sénégal.
La plupart des soldats étaient sénégalais, d'où le nom de Tirailleurs sénégalais, mais le bataillon regroupait également des soldats du Bénin, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Mauritanie, d'anciennes colonies françaises.
Les tirailleurs sénégalais ont été déployés dans de nombreuses batailles pendant les guerres mondiales, notamment la bataille de Verdun en France et la bataille de Canakkale en Turquie, jusqu'à ce que pas moins de 17 pays africains obtiennent leur indépendance en 1960.
Environ 200 000 tirailleurs sénégalais ont été déployés pendant la Première Guerre mondiale et 140 000 pendant la Seconde Guerre mondiale. Au total, au moins 60 000 d'entre eux ont été tués.