Le roi Philippe de Belgique n'a pas présenté d'excuses pour l'exploitation, le racisme et les actes de violence lors de la colonisation par son pays de la République démocratique du Congo (RDC). Il a plutôt choisi de transmettre ses "plus profonds regrets" pour l'humiliation coloniale et la punition infligées au peuple congolais.
Philippe est devenu le premier responsable belge, il y a deux ans, à exprimer ses regrets pour la colonisation, et certains Congolais espéraient qu'il présenterait des excuses officielles lors de sa première visite au Congo depuis son accession au trône en 2013.
"Même si de nombreux Belges se sont investis sincèrement, aimant profondément le Congo et son peuple, le régime colonial lui-même était basé sur l'exploitation et la domination", a déclaré le roi Philippe lors d'une session conjointe du parlement dans la capitale Kinshasa de la RDC.
"Ce régime était un régime de relations inégales, injustifiable en soi, marqué par le paternalisme, la discrimination et le racisme."
"Cela a entraîné des actes de violence et des humiliations. A l'occasion de mon premier voyage au Congo, ici même, devant le peuple congolais et ceux qui souffrent encore aujourd'hui, je souhaite réaffirmer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé", a-t-il ajouté.
Bien que le roi des Belges ait commencé à faire face au passé colonial de son pays, le fait qu’il n’ait pas présenté d’"excuses" a déçu certaines personnes qui les attendaient.
Voici quelques atrocités commises par la Belgique pendant la domination coloniale en RDC au cours des 19e et 20e siècles.
Mort de 10 millions de Congolais
Selon certaines estimations, les meurtres, la famine et la maladie ont causé la mort de jusqu'à 10 millions de Congolais au cours des 23 premières années seulement du règne de la Belgique de 1885 à 1960, lorsque le roi Léopold II a gouverné l'État indépendant du Congo en tant que fief personnel.
Le roi Léopold II a fondé sa propre colonie privée sur 100 km2 de forêt tropicale centrafricaine en prétendant protéger les "indigènes" des esclavagistes arabes.
Cependant, il a commencé à commettre d'horribles atrocités sur le continent africain.
Pendant son règne colonial, la population du Congo avait diminué de moitié pour atteindre 10 millions.
Viols et tourments
Le roi Léopold II a transformé les terres colonisées en un immense camp de travail et s'est fait une grande fortune grâce à la récolte de caoutchouc sauvage.
La récolte du caoutchouc au Congo a directement contribué à la montée en puissance économique de la Belgique.
Cependant, cette fortune provient non seulement de la récolte de sources locales mais aussi du capital humain de la région.
En poussant les locaux à produire plus, les Congolais travaillaient et vivaient dans des conditions brutales et devaient respecter "des quotas".
De nombreuses personnes ont été violées et tourmentées par les forces coloniales à l'époque.
Couper les mains et les pieds
Le roi Léopold II a coupé les mains et les pieds des personnes qui lui ont résisté, même les femmes et les enfants des hommes qui n'ont pas pu respecter leurs "quotas" ont connu le même sort.
Selon les dirigeants coloniaux belges, les coups de hache sont une sorte de punition pour prouver leur supériorité sur les Congolais.
La Belgique avait trouvé une solution brutale pour apaiser les troubles. Les soldats congolais étaient obligés de prouver qu'ils ne gaspillaient pas de munitions coûteuses en apportant la main coupée des rebelles indigènes tués.
Les crimes brutaux de la Belgique, qui ont plus ou moins commencé en 1885, ont été révélés pour la première fois par le journaliste Edmund Dene Morel, au début du XXe siècle.
Morel a fourni d’importants efforts pour faire connaître ce qui se passait dans la colonie belge.
Il a révélé des photos de travaux forcés, de meurtres, d'enfants soldats, de personnes sans mains, de tortures et de génocide dans l'État indépendant du Congo.
En 2020, la statue du tristement célèbre roi Léopold II a été enlevée par des manifestants d'une place publique de la ville d'Anvers en Belgique lors de manifestations mondiales contre le passé colonial raciste de l'Occident.