Les 57 hôpitaux publics du Kenya voient leur activité ralentie depuis près de quatre semaines par ce mouvement lancé par l'unique syndicat de médecins du Kenya (KMPDU), auquel s'est joint le syndicat des personnels soignants, hors infirmiers (KUCO), mouvement qui s'est poursuivi dans les rues de la capitale encore ce mardi.
Plusieurs centaines de praticiens, certains portant en blouses blanchese, ont défilé sous escorte policière de l'hôpital Kenyatta, le principal du pays, jusqu'au ministère de la Santé, dont ils ont bloqué les portes, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse.
"On ne va pas se calmer de sitôt", prévenait une des banderoles brandies par les manifestants, qui ont également scandé des slogans tels que "Solidarité pour toujours" et "Nos patients nous manquent".
"Nous sommes plus que disposés à retourner dans les hôpitaux, mais les efforts déployés par le gouvernement ne suffisent pas à mettre fin aux souffrances" des praticiens, a déclaré devant la presse le secrétaire général adjoint du KMPDU, Dennis Miskellah.
Le président kényan William Ruto, qui mène une politique de réduction des déficits depuis son élection en 2022, a déclaré dimanche au sujet de cette mobilisation que le Kenya devait "vivre selon ses moyens". "Nous ne pouvons pas continuer à dépenser l'argent que nous n'avons pas", a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, avait annoncé dans un communiqué l'interdiction de cette manifestation dans le cadre d'une grève "illégale" allant contre une décision de justice.
Après avoir ordonné le 13 mars la suspension de la grève et l'ouverture de négociations, un tribunal du travail de Nairobi a donné le 3 avril 14 jours aux grévistes et au ministère de la Santé pour parvenir à un accord.
Pour l'instant, les discussions semblent dans l'impasse.
La semaine dernière, le KMPDU avait annoncé rejeter une proposition formulée par la Direction du Service Public, jugée insuffisante et élaborée sans concertation avec son organisation.
Dans sa proposition, le gouvernement se disait prêt à répondre à certaines revendications comme le paiement d'arriérés de salaires et l'embauche de médecins internes.
Le KPMDU, qui dit compter 7.000 adhérents, réclame notamment l'application d'un précédent accord, signé en 2017 avec le gouvernement pour mettre fin à une grève de 100 jours sur des revendications similaires qui avaient paralysé le système de santé publique.
Les salaires insuffisants et les mauvaises conditions de travail sont comptés parmi les points dénoncés par les médecins kényans.