"Le Kenya se dissocie fermement de toute déclaration ou activité susceptible de nuire à la paix et la sécurité de la République démocratique du Congo (RDC), pays ami" a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi dans un communiqué.
Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale de la RDC, devenu opposant et désormais en exil, avait annoncé vendredi à la presse dans un hôtel de la capitale kényane la création d'une alliance avec au moins neuf groupes armés dont la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars").
L'objectif serait, selon Corneille Nangaa de "sauver" la RDC et d'y garantir "le retour de la paix".
Selon des médias congolais samedi, l'ambassadeur du Kenya en RDC a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Et Kinshasa a rappelé ses ambassadeurs à Nairobi ainsi qu'auprès de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC), selon des informations confirmées à l'Agence France Presse par le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication de RDC, Patrick Muyaya.
Selon le communiqué de Musalia Mudavadi, le Kenya a entamé une enquête pour "déterminer l'identité des auteurs du communiqué et dans quelle mesure leurs déclarations se situent hors du domaine de la liberté d'expression garantie constitutionnellement".
La "liberté de la presse est garantie" au Kenya et tout le monde est libre de s'adresser aux médias sans en référer au gouvernement, ajoute Musalia Mudavadi. L'annonce de Nangaa intervient dans un climat tendu en RDC à l'approche de l'élection présidentielle prévue ce mercredi.
Corneille Nangaa a justifié la création de l'alliance par la "faiblesse" de l'État congolais et son "incapacité à restaurer l'autorité (...) dans tout le pays".
Le gouvernement congolais a dénoncé vendredi soir son "comportement antipatriotique" dont il "devrait avoir honte"."Je pense que cet acte aura des conséquences", avait poursuivi son porte-parole, Patrick Muyaya, ajoutant : "Le Kenya nous doit des explications".
Après plusieurs années de sommeil, les rebelles du M23 ont repris les armes fin 2021 et se sont emparés, avec l'aide de l'armée rwandaise, de vastes pans de la province du Nord-Kivu, dans l'Est de la RDC.
Une force de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC), à composante kényane notamment, avait été déployée dans la région à partir de fin 2022. Mais Kinshasa n'a pas voulu prolonger son mandat au-delà de ce mois de décembre, estimant qu'elle n'avait pas combattu les rebelles, mais plutôt cohabité avec eux.