Pour le 15e sommet des BRICS, les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud se retrouvent du 22 au 24 août, à Johannesburg pour leur rendez-vous annuel. Ce groupe de pays dits “émergents” n’a jamais été aussi puissant en termes économiques, ce qui devrait interpeller le Groupe des Sept (G7).
Le groupe des “cinq pays émergents” a désormais un poids économique plus important que celui des sept pays les plus industrialisés de la planète, à savoir les États-Unis, l’Allemagne, le Canada, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, selon des données publiées par le cabinet de recherche britannique Acorn Macro Consulting.
En effet, selon le cabinet de recherche, pour la première fois les courbes se sont croisées : les BRICS représentant 31,5% du PIB mondial et le G7 seulement 30,7% en parité de pouvoir d’achat.
Au début des années 1990, le groupe des anciens champions industriels pesait encore 45% de la richesse mondiale, soit trois fois plus que les BRICS qui dépassaient à peine les 15%. Et l’écart devrait continuer à se creuser.
Le PIB des G7 pourrait tomber sous les 30% d’ici la fin de la décennie, alors que celui des BRICS devrait frôler les 35%, selon Acorn Macro Consulting.
Le bloc a fait ses débuts en 2001 avec le terme “BRIC” inventé par l’économiste britannique Jim O’Neil, afin de mettre en évidence les économies de puissance émergentes à croissance rapide. Mais depuis 2009, ces pays ont décidé de se structurer et de se réunir lors de sommets annuels comme celui qui débute ce mardi à Johannesburg en Afrique du Sud, afin de faire face aux grandes économies industrialisées, notamment occidentales.
C'est en 2011 que le groupe “BRIC” devient “BRICS”, le “S” représentant l’Afrique du Sud qui adhère à l’association ainsi constituée.
La montée en puissance des BRICS est très favorisée par la forte croissance des économies asiatiques, notamment la Chine et l’Inde, qui ont un rythme de progression rapide avec une moyenne d’environ 6% sur la dernière décennie, selon Statista.
Un des facteurs d’influence est notamment la création en 2014 par les BRICS de leur propre banque “Nouvelle Banque de Développement” (NDB), basée à Shanghai, différente de l’architecture financière mondiale conçue par les accords de Bretton Woods.
Cette création est le premier signe de leur désir d’autonomie. En effet, le groupe réclame depuis quelques années un rôle plus important dans les organes de gouvernance mondiale et le passage de l’ordre mondial unipolaire instauré dans la foulée de la guerre froide à un ordre multipolaire.
C’est dans cette vision que le Brésil et la Chine, les deux pays phares des BRICS, ont conclu en début d’année un accord bilatéral pour régler leurs échanges dans leurs monnaies locales pour le bloc des BRICS, afin de contester la domination du dollar américain dans le commerce et la finance au niveau mondial.
D’après l’ambassadeur sud-africain auprès des BRICS, Anil Sooklal, cette question ne sera pas à l’ordre du jour du sommet de Johannesburg.
La contribution de ces jeunes puissances que sont les BRICS est d’ores et déjà envisageable dans les prochaines années, surtout avec la volonté d’une vingtaine de pays à rejoindre le groupe.
L'ambassadeur de l'Afrique du Sud au sein des BRICS, Anil Sooklal, avait annoncé en février dernier que plus d’une douzaine de pays, dont l’Arabie saoudite, l’Indonésie, l’Argentine, l’Iran ou encore l’Algérie ont exprimé leur intérêt pour une adhésion à ce bloc. Parmi ces pays, l’Argentine, l’Arabie saoudite, l’Algérie et l’Iran ont déjà déposé officiellement des demandes d’adhésion.
Dans l’hypothèse d’une décision favorable pour l’adhésion de l’un de ces pays lors du Sommet de Johannesburg, la part des BRICS dans l’économie mondiale ainsi que dans la population mondiale prendra davantage d’ampleur d’ici 2040.
Cet essor potentiel, lancé en grande partie par le président chinois Xi Jinping et qui bénéficie du soutien de la Russie et de l’Afrique du Sud, inquiète plus ou moins l’Occident.
Ainsi, le groupe des BRICS qui deviendra le plus important, sera le porte-parole de la Chine. Mais, cette expansion donnera également une voix aux pays en développement dans un monde divisé et polarisé.