Sonko, tête de liste du parti Pastef aux législatives et chef de gouvernement depuis avril, a fait état dans la nuit de lundi à mardi sur son compte Facebook d'attaques subies par son camp à Dakar, Saint-Louis (nord) ou encore Koungueul (centre).
Il les impute à des sympathisants du maire de Dakar Barthélémy Dias, qui dirige une coalition concurrente en lice pour les législatives, et a été condamné pour la mort d'une personne par balle en 2011 dans un contexte de violences politiques.
Les Sénégalais sont appelés à élire une nouvelle Assemblée après la dissolution, prononcée en septembre par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, du Parlement issu des élections de 2022 et encore dominé par le camp de l'ancien président Macky Sall.
Le Pastef vise une majorité permettant à Faye, vainqueur de la présidentielle de mars, et à Sonko, de mettre en oeuvre leurs promesses de rupture et de transformation de l'Etat.
Sonko a appelé dans la soirée ses militants à "continuer la campagne dans le calme et la paix pendant les quatre jours qui restent" avant la fin de la campagne vendredi soir.
"N'attaquez personne, ne frappez personne, ne provoquez personne. Désactivez tout mais qu'on reste vigilant", a-t-il déclaré.
Il avait plus tôt tenu des propos virulents.
"Faillite de l'Etat""Que chacune des agressions subie par Pastef de leur part depuis le début de la campagne, que chaque patriote qu'ils ont agressé et blessé soit proportionnellement vengé. Nous exercerons notre droit légitime à la riposte", avait déclaré Sonko sur Facebook dans la nuit de lundi à mardi.
"Barthélémy Dias et sa coalition ne doivent plus battre campagne dans ce pays", a-t-il écrit.
Au début de la campagne, "j'ai appelé les ministres de l'Intérieur et de la Justice en tant que candidat. Trois agressions, zéro arrestation. C'est la faillite de l'Etat", a déclaré Sonko lundi en langue locale wolof, sur une vidéo consultée par l'AFP sur une télévision locale.
Sonko s'exprimait à Rufisque, près de Dakar, après les incidents à Saint-Louis. Il a accusé des opposants d'avoir "violemment attaqué et blessé" ses partisans dans cette ville avec des "couteaux, sabres et grenades lacrymogènes".
"J'interpelle une fois de plus l'Etat du Sénégal. Un Etat ne doit pas être faible. J'ai plusieurs fois interpellé monsieur le président de la République. Si l'Etat ne règle pas ce problème, nous allons le faire nous-même et nous avons les moyens de le faire", a indiqué Sonko.
Dans un communiqué mardi, le gouverneur de Saint-Louis a constaté que des "incidents avaient entraîné des blessés par armes blanches et des vols à l'arraché, motivant l'ouverture d'une enquête de police". Il a aussi assuré que la police avait procédé à l'interpellation de 81 individus soupçonnés d'avoir pris part aux incidents.
Multiples incidents
Dans l'après-midi, un rassemblement de militants du Pastef s'est tenu à Dakar sous la surveillance étroite des forces de sécurité qui empêchait le passage à une issue menant au quartier du domicile du maire de Dakar, a constaté un journaliste de l'AFP.
La coalition de Dias, Samm Sa Kaddu, a dénoncé dans un message publié sur les réseaux sociaux un "appel au meurtre assumé par l'actuel Premier ministre sénégalais". Elle dit avoir été elle-même visée par de "multiples attaques".
"Ousmane Sonko, dévoré par la peur de la défaite, tente désespérément de museler la démocratie en tentant d'instaurer un climat de terreur", ajoute-t-elle.
"La coalition Samm Sa Kaddu tient Ousmane Sonko pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à ses membres, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs", dit-elle.
Des violences ont marqué la campagne, ouverte le 27 octobre pour une durée de 21 jours.
Le président Faye avait appelé le 25 octobre tous les acteurs des élections à "éviter les dérives dans leurs discours et leurs actes".
L'ex-président Sall et Sonko, qui avait désigné Faye pour le remplacer à la présidentielle après l'invalidation de sa candidature, se sont livrés avant l'alternance du printemps dernier trois ans d'un bras de fer qui a fait des dizaines de morts et des centaines d'arrestations.
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