Idriss Déby aurait perçu une forme d’”arrogance” dans les recommandations du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot lors de sa visite de décembre au Tchad. (Photo : TRT Afrika)

Les autorités tchadiennes ont réagi ce lundi aux propos du président français Emmanuel Macron, tenus plus tôt dans la journée.

Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration Africaine, des Tchadiens de l’Etranger, de la Coopération internationale, porte-parole du Gouvernement, Abderaman Koulamallah, a dénoncé "une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains", affirmant que "les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain".

Le président français Emmanuel Macron a accusé, lundi, au cours de la conférence des ambassadeurs, certains gouvernants africains d’avoir oublié de dire "merci" à la France pour son engagement en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel.

"Je le dis pour tous les gouvernants africains qui n’ont pas eu le courage, vis-à-vis de leurs opinions publiques, de le porter, aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région et j’ai une pensée émue pour nos soldats qui, parfois ont donné leur vie, et pendant des années se sont battus", a-t-il lancé.

"Le Gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains", indiquent les autorités tchadiennes en réaction, dans le communiqué consulté par Anadolu.

Manque de respect au peuple africain

L’Afrique, y compris le Tchad, a joué un rôle déterminant dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales, un fait que la France n’a jamais véritablement reconnu

Abderaman Koulamallah

Abderaman Koulamallah a en outre rappelé que le Tchad "n’a aucun problème avec la France en tant que nation ni avec le peuple français, avec lequel il partage une histoire marquée par des relations humaines et culturelles".

Cependant, dit-il "les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain et reconnaître la valeur de ses sacrifices".

Et de poursuivre que "les sacrifices immenses consentis par les soldats africains pour défendre la liberté de la France ont été minimisés, et aucun remerciement digne de ce nom n’a été exprimé", avant de souligner que la construction de l'armée tchadienne n’est pas l’œuvre de la France.

"Notre armée, forte et résiliente, est le fruit de la bravoure du peuple tchadien et des sacrifices consentis avec des moyens modestes", souligne le porte-parole du Gouvernement tchadien.

"La France n’a jamais doté l’armée tchadienne de manière significative ni contribué à son développement structurel. En 60 ans de présence, marqués par des guerres civiles, des rébellions et une instabilité politique prolongée, la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien" a-t-il affirmé.

Au lieu de s’en prendre à l’Afrique, le Président Macron devrait concentrer ses efforts sur la résolution des problèmes qui préoccupent le peuple français

Des propos erronés

Le Sénégal, par la voix de son Premier minsitre, a également réagi à la sortie du dirigeant français.

Ousmane Sonko a fustigé "une affirmation totalement erronée", allusion à la déclaration d'Emmanuel Macron suggérant que le départ annoncé des bases françaises a été négocié entre le pays africains qui l'ont décrété et la France.

"Aucune discussion ou négociation n'a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain", a écrit le chef du gouvernement sénégalais sur son compte Facebook.

"Bien au contraire, elle (la France) a contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel", a -t-il ajouté, niant l'assertion du chef de l'Etat français selon qui, "aucun pays africain ne serait aujourd'hui souverain, si la France ne s'était pas déployée".

TRT Afrika et agences